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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/121

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de ces statues étrangères, bien plus que par celles qui provenaient d’artistes nationaux. Que l’on sache qu’à Rhodes, cité située dans une petite île, on compta plus de trois mille statues, tant de bronze que de marbre. Les Athéniens n’en eurent pas moins, et infiniment plus les habitants d’Olympie et de Delphes. Les Corinthiens en eurent d’innombrables, toutes admirables et de très grand prix. Qui ne sait que Nicomède, roi de Lycie, éperdument désireux de posséder une Vénus de marbre, de la main de Praxitèle, y consacra presque toutes les richesses de ses peuples ? Attalle n’en fit-il pas autant ? Pour avoir le tableau de Bacchus peint par Aristide, il n’hésita pas à consacrer à son acquisition plus de six mille sesterces. Ce tableau fut apporté à Rome par Lucius Mummius et fut placé en grande pompe dans le temple de Cérès. Mais tout en constatant que la noblesse de cet art était tenue en si haut prix, nous ne savons toujours pas d’une manière certaine qui lui donna le jour. Comme on l’a déjà dit ci-dessus, on constate sa très grande antiquité chez les Chaldéens ; d’autres attribuent son origine aux Ethiopiens, et les Grecs se la décernent à eux-mêmes.

IV. — On peut croire, non sans raison, que cette origine est peut-être plus antique chez les Toscans, comme l’atteste notre Léon Batista Alberti. On le voit aussi clairement dans la merveilleuse sculpture de Porsenna, à Chiusi, où, il n’y a pas longtemps, on a trouvé sous terre, entre les murs du Labyrinthe, quelques tuiles en terre cuite, sur lesquelles il y a des figures en demi-relief, si parfaites, et d’une si belle manière que l’on peut facilement reconnaître que l’art n’en était pas à ses commencements, vers cette époque. Bien plus, la perfection de ces œuvres montre que l’art était bien plus près de son apogée que de ses débuts. On peut encore s’en assurer en voyant continuellement retrouver de nombreux fragments de vases arétins, rouges et noirs, remontant à cette époque, comme on s’en rend compte par le style, avec de charmantes intailles, des figurines et des sujets en bas-relief, ainsi que quantité de petits masques en ronde-bosse finement travaillés par les artistes du temps, qui devaient avoir autant de talent que de pratique dans cet art, à en juger par leurs produits. On voit encore, par les statues trouvées à Viterbe, au début du pontificat d’Alexandre VI, que la sculpture était tenue en haute estime en Toscane, et que sa perfection n’était pas petite. On ne sait pas exactement à quelle époque elles furent faites ; toutefois d’après le style des figures, le mode des sépultures et des constructions, non moins que d’après les inscriptions en lettres