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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/125

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les autres statues faites par les sculpteurs de ce temps, œuvres qui sont aujourd’hui au Capitole, verra clairement que ces œuvres sont très loin de la perfection des médailles et des statues des autres empereurs. Toutes ces choses montrent que, longtemps avant la venue des Goths en Italie, la sculpture avait fort décliné.

VI. — Comme nous l’avons dit, l’architecture alla en se maintenant en meilleur état, mais n’étant plus aussi parfaite. Il n’y a pas lieu de s’en étonner, parce que, comme dans la construction des grands édifices on se servait presque toujours de matériaux anciens, il était facile aux architectes d’imiter, dans les nouvelles constructions, en grande partie les anciennes qu’ils avaient toujours devant les yeux. Il leur était plus facile d’opérer ainsi qu’aux sculpteurs d’imiter les bonnes œuvres de sculpture des Anciens, puisque l’art avait disparu. Que tout cela soit vrai, la preuve en est dans le temple du premier des Apôtres, au Vatican, qu’on n’avait décoré que de colonnes, de bases, de chapiteaux, d’architraves, de corniches, de portes et d’autres ornements, ou incrustations, qui furent tous enlevés de divers lieux et édifices antérieurs, construits et ornés richement. On pourrait en dire autant de Santa Croce in Gerusalemme, que Constantin fit élever, sur la prière de sa mère Hélène ; de Saint-Laurent hors les murs, de Sainte-Agnès, construite parle même, à la requête de Constance, sa fille. Qui ne sait que les fonts, qui servirent au baptême de cette dernière et d’une de ses sœurs, étaient tout entiers couverts d’ornements qui provenaient d’une époque bien antérieure ? N’en est-il pas de même de ce bénitier de porphyre, sculpté, de figures admirables, et de quelques candélabres de marbre remarquablement sculptés de feuillages et d’enfants en bas-reliet qui sont vraiment de toute beauté ? En somme, pour cette raison et pour bien d’autres, on peut juger à quel point la sculpture était tombée, du temps de Constantin, et, avec elle, les autres plus belles formes de l’art. Le dernier coup qui devait être porté pour leur ruine totale fut le départ de Constantin de Rome, quand il alla porter le siège de l’empire à Byzance. Non seulement il emmena en Grèce tous les meilleurs sculpteurs, et les autres artistes de son temps, quels qu’ils fussent, mais encore il y apporta une infinité de statues et d’autres œuvres de sculpture admirables.

VII. — Après le départ de Constantin, les Césars qui restèrent après lui en Italie, édifiant continuellement à Rome et ailleurs, s’efforcèrent de faire leurs constructions les meilleures qu’ils purent ; mais comme on peut le voir, la sculpture alla toujours de mal en pis, ainsi que la peinture et l’architecture. La cause en fut peut-être que, lorsque les choses