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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/156

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LES VIES D’ARTISTES

plus légère à l’œil, l’exhaussa, avant de la voûter, de toute la hauteur du tambour où sont les œils de bœuf, et cette différence serait encore plus claire, si l’incurie, ou le peu de soin de ceux qui ont dirigé l’œuvre de Santa Maria del Fiore dans les années ultérieures, n’avait laissé se perdre le modèle que fit Arnolfo, ainsi que ceux de Brunellesco et d’autres maîtres [1].




NICCOLA et GIOVANNI
Sculpteurs pisans, le premier né entre 1205 et 1207, mort en 1278 ;
le second né vers 1250, mort après 1328

Après avoir parlé du dessin et de la peinture dans la Vie de Cimabue, de l’architecture dans celle d’Arnolfo di Lapo, nous nous occuperons, dans celle de Niccola et Giovanni de Pise, de la sculpture et des importantes constructions qu’ils édifièrent. En effet, leurs œuvres de sculpture et d’architecture méritent d’être célébrées, tant à cause de leur grandeur et de leur magnificence que pour leur belle conception. Ils ont, en grande partie, fait disparaître dans le travail du marbre, et dans la construction, cette vieille manière grecque, grossière et disproportionnée ; de plus, ils ont fait preuve de plus d’invention dans les sujets, et ils ont donné une meilleure attitude à leurs figures.

Tandis que Niccola se trouvait sous la direction de quelques sculpteurs grecs, qui travaillaient aux figures et aux autres sculptures d’ornement du Dôme de Pise et du Baptistère, il se trouva, parmi une multitude de marbres amenés par la flotte des Pisans, plusieurs sarcophages antiques qui sont aujourd’hui au Campo Santo de cette ville. Sur l’un d’eux, extrêmement beau [2], était sculptée la chasse du sanglier de Calydon, dans un style admirable, car les nus et les draperies étaient d’un dessin parfait et d’une exécution merveilleuse. Ce sarcophage ayant été, à cause de sa beauté, encastré, par les Pisans, dans la façade du Dôme, du côté de San Rocco, et à côté de la porte latérale principale, servit à renfermer le corps de Béatrix, mère de la comtesse Mathilde, si l’on s’en rapporte à l’inscription gravée sur le

  1. Après la mort d’Arnolfo, la construction du Dôme fut interrompue. En 1357, il fut repris, agrandi, puis terminé par Francesco Talenti, qui conserva la largeur de la nef, mais allongea l’église de deux travées du côté de la façade. Les murs latéraux furent surélevés, et leur décoration extérieure en partie modifiée.
  2. Actuellement au Campo Santo ; mais Vasari fait erreur : il s’agit ici d’un sarcophage orné de l’histoire de Phèdre et d’Hippolyte, également au Campo Santo.