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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/170

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retira de riches récompenses, et fut ensuite appelé à Rome comme un maître excellent. Il y exécuta quelques œuvres dans la chapelle du maître-autel, à Saint-Jean-de-Latran, et dans celle de Sainte-Marie-Majeure[1]. Appelé ensuite à Pise, il fit, dans la tribune principale du Dôme, les Évangélistes et les autres choses qu’on y voit, et qu’il exécuta dans la même manière que ses autres œuvres, toutefois avec l’aide d’Andrea Tafi et de Gaddo Gaddi. Ces mosaïques furent terminées par Vicino, Turrita les ayant laissées assez imparfaites dans leur ensemble. Andrea vécut quatre-vingt-un ans et mourut avant Cimabue, en 1294[2], ayant eu la gloire de perfectionner le premier la mosaïque en Toscane, et d’avoir préparé la voie de cet art à Gaddo Gaddi, à Giotto et aux autres. Il eut pour élèves le facétieux Buonamico Buffalmacco, et Antonio, qui fut peut-être son propre fils et dont le nom se trouve mentionné dans l’ancien livre de la compagnie des Peintres[3], mais je n’ai pu trouver aucune œuvre de sa main.


Gaddo GADDI
Peintre florentin, né en 1259 (?), mort après 1333

À la même époque, Gaddo[4], peintre florentin, fit preuve de plus de dessin dans ses œuvres, travaillées à la grecque, mais exécutées avec grand soin, qu’Andrea Tafi et que les autres peintres qui le précédèrent, ce qui provient peut-être de l’amitié qu’il entretint avec Cimabue dont il fréquenta assidûment la maison. Soit qu’ils fussent rapprochés par la conformité de leur humeur, ou par l’élévation de leur esprit, animés l’un pour l’autre d’une égale bienveillance, les fréquentes conversations qu’ils avaient ensemble, et leurs discours sur les difficultés de l’art, provoquaient dans leurs esprits de belles et grandes conceptions. Ils étaient, d’ailleurs, aidés par la subtilité de l’air de Florence, qui produit ordinairement des génies fins et inventifs, dégagés de cette rouille et de cette rudesse que, le plus souvent, la nature, l’émulation et l’application des préceptes ne peuvent enlever.

  1. Ces mosaïques existent encore ; celles de Sainte-Marie-Majeure, datées MCCXCV représentent le Couronnement de la Vierge. Celles de Saint-Jean, signées JACOBUS TORITI, représentent la Croix mystique entre la Vierge et différents saints. Toutes ces mosaïques furent commandées par Nicolas IV qui y est représenté
  2. Après 1320. La Matricule des Médecins et Pharmaciens, où se faisaient inscrire les peintres, le mentionne a cette date : Andreas vocatus Tafus, olim Ricchi.
  3. De la manière suivante : Antonio di Andrea Tafi, 1348.
  4. Inscrit à la Matricule des Médecins et Pharmaciens en 1312.