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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/188

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pour les religieuses de San Giorgo[1], et dans la Badia de Florence, sur un arc intérieur, au-dessus de la porte de l’église, trois demi-figures, aujourd’hui passées au blanc, pour éclairer l’église. Dans la grande salle du palais du Podestat, il peignit la commune de Florence en proie aux voleurs[2]. Elle est assise sous la forme d’un juge, avec le sceptre à la main, et sur la tête des balances égales, symbole des justes sentences qu’elle a prononcées, quatre vertus l’assistent, à savoir : la Force avec le courage, la Prudence avec les lois, la Justice avec les armes et la Tempérance avec les paroles. C’est une belle peinture et une allégorie très claire.

Étant allé de nouveau à Padoue, il y peignit quantité d’objets[3], ainsi que des chapelles, et fit, dans l’Oratoire de l’Arena[4], une gloire mondaine qui lui attira autant d’honneur que de profit. Il exécuta encore à Milan différentes peintures qui sont dispersées dans la ville, et qui jusqu’à maintenant ont toujours été admirées[5].

Finalement il revint de Milan, et peu après il rendit son âme à Dieu[6], l’an 1336, après avoir fait dans sa vie tant et tant de belles œuvres et avoir été non moins bon chrétien qu’excellent peintre. Il fut extrêmement regretté, non seulement de ses concitoyens, mais de tous ceux qui l’avaient connu, ou avaient entendu parler de lui, et il fut enseveli avec de grands honneurs, comme il le méritait pour ses vertus ayant été pendant sa vie aimé de tous et particulièrement des hommes supérieurs dans n’importe quelle profession, entre autres Dante et Pétrarque. Sa tombe est à Santa Maria del Fiore, à gauche en entrant dans l’église, et une inscription de marbre blanc indique la place où repose un si grand homme.

Il eut pour élèves Taddeo Gaddi, qu’il tint sur les fonts baptismaux Puccio Capanna, Florentin, qui travailla à Assise, dans l’église de San Francesco, après la mort de Giotto, et à Pistoia, dans les églises San Francesco[7] et San Lodovico ; Ottaviano et Pace de Faenza, Guglielmo di Forli, et plusieurs autres dont nous donnerons les Vies,

  1. Peinture perdue.
  2. Peinture détruite.
  3. Les peintures du palais della Ragione ont été détruites par l’incendie de 1420.
  4. Construit par Enrico Scrovegno en 1303. Les peintures de Giotto existent encore.
  5. Une Vierge, au musée de Brera, signée opus magistri jocti florentini.
  6. Le 8 janvier 1336 (style ordinaire 1337), d’après Villani (livre XI, chap. XII). Il épousa Ciuta (abréviation de Ricevuta) di Lapo del Pela, et eut huit enfants.
  7. Peintures découvertes 1882, mais en mauvais état, elles représentent la vie de saint François.