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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/196

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Ayant été appelé à Pistoia par la seigneurie de cette ville, l’an 1346, il fut chargé de peindre la chapelle de San Jacopo, sur la voûte de laquelle il représenta Dieu le Père avec quelques apôtres, et, sur les parois, plusieurs sujets tirés de la vie de saint Jacques, en particulier quand sa mère, femme de Zébédée, demande au Christ de placer ses deux fils à ses côtés, l’un à main droite et l’autre à gauche, dans le royaume des cieux[1]. À côté de cette fresque est la Décollation du saint, admirablement représentée. Plusieurs prétendent, trompés par la similitude du nom, que Maso, dit Giottino, était le fils de Giotto. Mais d’après les écrits de Lorenzo Ghiberti et de Domenico Ghirlandaio que j’ai vus, je crois pouvoir affirmer que son père fut Stefano et non Giotto. On suppose que Maso di Giottino, dont on parlera plus loin, fut fils de ce Stefano. Bien que plusieurs, trompés par la similitude du nom, affirment qu’il était fils de Giotto, pour ma part, ayant vu des documents, et d’après les souvenirs dignes de foi de Lorenzo Ghiberti et de Domenico Ghirlandaio, je crois pouvoir affirmer qu’il était plutôt fils de Stefano que de Giotto.

À Pérouse, il commença encore, dans l’église San Domenico, les fresques de la chapelle de Santa Caterina[2], restées inachevées.

À la même époque que Stefano, vécut à Sienne un peintre de grand renom, et son intime ami, qui s’appelait Ugolino[3]. Il fit nombre de tableaux et décora mainte chapelle en Italie, quoiqu’il suivît touiours de préférence la manière grecque et qu’il s’obstinât à suivre le style de Cimabue plutôt que celui de Giotto, qui cependant était en si grande estime. Le tableau, sur fond d’or, du maître-autel de Santa Croce est son œuvre[4], et de même il est l’auteur d’un tableau qui resta longtemps sur le maître-autel de Santa Maria Novella[5], et qui est actuellement dans le chapitre où s’assemble la colonie espagnole, pour célébrer la fête annuelle de saint Jacques et tenir tous les offices divins ou mortuaires. C’est lui qui peignit sur un pilastre en briques de la loggia que Lapo[6] avait construite sur la

  1. Ces peintures qui n’existent plus, ont été restituées à deux peintres florentins, Alessio d’Andrea et Bonnacorso di Gino, qui furent appelés à Pistoia en 1347.
  2. Chapelle Buontempi, attribution incertaine.
  3. Les archives de Sienne parlent d’un Ugolino di Neri, et d’un Ugolino di Pietro, peintres vers 1320.
  4. Le tableau d’autel de Santa Croce, dont la partie centrale représente une Vierge entre des saints, est actuellement à la Galerie Nationale de Londres ; signé Ugolino de Senis me pinxit.
  5. Ce tableau a disparu.
  6. C’est-à-dire Arnolfo da Cambio.