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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/199

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avec des figures en grandeur naturelle, qui commencent à l’expulsion de Joachim du temple et vont jusqu’à la nativité du Christ[1]. On reconnaît dans ces peintures presque la même composition que dans celles de Giotto, son maître, ainsi que les contours, le port des têtes et les attitudes des figures qui étaient particulièrement propres à ce dernier. Bien que toute l’œuvre soit très belle, incontestablement la meilleure partie est la voûte de cette niche, sur laquelle il représenta la Vierge montant au ciel. Outre qu’il fit les apôtres hauts de quatre brasses, montrant ainsi la grandeur de son esprit, et cherchant le premier à hausser la manière il donna une si belle physionomie aux têtes, et tant d’élégance aux draperies qu’à cette époque on n’aurait pas pu désirer mieux. Il figura, de même, une joie vraiment angélique et divine sur les visages des anges qui volent en chantant autour de la Madone, ou dansent avec de gracieux mouvements ; tandis que les anges jouent de divers instruments, ils ont les yeux attentifs et fixés sur un autre chœur d’anges, qui, soutenus par une nuée en forme d’auréole, portent la Vierge au ciel. Cette œuvre qui plut infiniment et avec raison, fut cause qu’on le chargea encore de peindre en détrempe le tableau du maître-autel[2]. Les figures des cinq panneaux sont de grandeur naturelle et représentées jusqu’au genou ; le panneau du milieu renferme la Vierge tenant l’enfant Jésus ; les quatre autres sont occupés par saint Jean-Baptiste et saint Mathieu d’un côté, saint Jean évangéliste et san Donato, de l’autre. Quantité de petites figures couvrent la predelle et le cadre du tableau, toutes vraiment belles et d’une exécution parfaite. Ce travail terminé, Pietro Laurati exécuta, à Saint-Pierre de Rome, plusieurs œuvres qui furent détruites pour édifier la nouvelle basilique. Il travailla encore à Cortone et à Arezzo, outre les œuvres déjà citées, en particulier dans l’église Santa Fiora et Lucilla, monastère des moines noirs, où il fit, entre autres choses, dans une chapelle, un saint Thomas mettant le doigt dans la plaie du côté de Jésus-Christ[3]. Ses peintures datent de 1350 environ.


  1. Ces peintures n’existent plus.
  2. Commandé le 17 avril 1820 à Pietro par Guido Tarlati, évêque d’Arezzo, pour 160 livres pisanes : ce tableau est actuellement près de l’autel de la Miséricorde signé PETRUS LAURENTII HANC PINXIT DEXTRA SENIS. La prédelle a disparu.
  3. Peinture détruite.