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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/203

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vis-à-vis de la Misericordia. On croit qu’elle fut coulée par quelques habiles fondeurs de Venise, et il en reste trace dans les livres des marchands de l’Arte di Calimala gardiens de l’œuvre de San Giovanni.

Pendant qu’Andréa travaillait à cette œuvre et à celles susmentionnées, il donna encore le modèle du temple de San Giovanni, à Pistoia, qui fut commencé en 1337[1]. Dans la cathédrale de cette ville, il y a aussi de sa main un tombeau en marbre orné de petites figures, tant sur le cercueil qu’au-dessus, qui renferme le corps de Messer Cino d’Angibolgi, docteur en droit et poète renommé[2]. On y voit, sur un bas-relief, Messer Cino enseignant à ses élèves qui l’entourent, et ces sculptures durent paraître merveilleuses dans leur temps, mais elles ne seraient pas très estimées aujourd’hui. Gauthier, duc d’Athènes et tyran de Florence, employa également Andrea[3] à agrandir la place et à fortifier son palais, dont il fit garnir de solides barreaux toutes les fenêtres du bas et du premier étage, là où se trouve actuellement la salle des Deux Cents.

Par ordre du même duc, Andrea ajouta plusieurs tours à l’enceinte de la ville, amena la magnifique porte de San Friano[4] au point d’achèvement où on la voit aujourd’hui, et construisit les vestibules des autres portes de la ville, ainsi que les petits passages qui y sont ajoutés pour la commodité des piétons. Et, comme le duc avait l’intention d’élever une forteresse sur la côte San Giorgio, Andrea lui en donna un modèle qui ne servit point, les Florentins ayant chassé le duc en 1343.

Andrea retira de grands honneurs et de grandes récompenses de tous ces travaux ; la Seigneurie lui accorda le titre de citoyen et plusieurs charges de magistratures[5]. Ses productions, qui datent de l’an 1340 environ, furent en grande estime pendant sa vie, et après sa mort, jusqu’au siècle qui vit fleurir Niccolo Aretino, Jacopo della Quercia, Donatello, Filippo Brunelleschi et Lorenzo Ghiberti. Il eut de nombreux disciples, entre autres Tommaso Pisano[6], architecte et sculpteur, qui termina la chapelle du Campo Santo, ainsi que le campanile

  1. Commencé en 1300.
  2. Andrea n’en est pas l’auteur.
  3. Andrea n’est pas nommé dans le décret de la commune du 6 octobre 1342, qui parle de ces travaux.
  4. Décret de la commune de 1332.
  5. Aucune trace dans les registres publics.
  6. Dans un document de 1368, il est dit fils de quondam maestro Andrea de Pontedera.