perfectionna pas, sauf pour le coloris qu’il rendit plus frais et plus brillant. Il fut enseveli par ses deux fils, sous le premier cloître de Santa Croce, dans le tombeau qu’il avait fait construire pour son père Gaddo[1]. Les poètes de son temps le célébrèrent dans leurs vers, comme un homme digne d’être honoré, à cause de ses vertus, et pour tant de constructions utiles élevées dans sa patrie, outre ses peintures ; enfin pour avoir surveillé avec soin l’achèvement du campanile de Santa Maria del Fiore, sur le dessin laissé par Giotto, son maître [2].
Il est rare qu’un homme, doué d’un beau génie, soit habile dans
un art sans pouvoir facilement en apprendre un autre, principalement
quand toutes ses occupations sont pour ainsi dire analogues, et
découlant d’une même source. Tel fut le cas de l’Orcagna [3], artiste
florentin, qui fut à la fois peintre, sculpteur, architecte et poète. Il
naquit à Florence et commença dès son enfance à étudier la sculpture
sous Andrea Pisano, dont il suivit la direction quelque temps. Mais
bientôt après, désireux de pouvoir faire preuve d’invention et d’exécuter
des compositions originales, il s’appliqua avec tant d’assiduité à
l’étude du dessin, aidé par son génie naturel qui allait le rendre
universel, que, d’essai en essai, il en arriva à peindre aussi bien la
fresque qu’en détrempe. Son frère Bernardo [4], qui le dirigeait, le
prit alors avec lui, pour peindre la vie de la Vierge dans la grande
chapelle de Santa Maria Novella appartenant alors à la famille des
Ricci. Cette œuvre terminée fut beaucoup admirée ; malheureusement,
peu d’années après, l’incurie des administrateurs de la fabrique laissa
tomber le toit de l’église en ruines, et les pluies qui pénétrèrent la
gâtèrent totalement, comme on le dira en son lieu ; qu’il suffise pour
le moment de remarquer que Domenico Ghirlandaio, qui la repeignit,
se servit de la plupart des inventions de l’Orcagna. Dans la même