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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/237

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bonne peinture à fresque qu’il exécuta avec beaucoup de soin[1].

À la suite de tous ces travaux, il acquit un tel renom, en imitant le dessin et les inventions de son maître, que l’on disait que l’esprit de Giotto était passé en lui, pour la vivacité des couleurs et l’habileté du dessin. Le 2 juillet de l’an 1343[2], quand le duc d’Athènes fut chassé par une sédition populaire, qu’il eut par serment abdiqué le pouvoir et rendu la liberté aux Florentins, Giottino fut contraint par les douze réformateurs de l’État[3], et particulièrement par Messer Agnolo Acciaiuoli, évêque de Florence, qui avait beaucoup d’influence sur lui, de peindre par dérision, dans la tour du palais du Podestat, le duc et ses compagnons, Messer Ceritieri Visdomini, Messer Meliadusse le conservateur, et Messer Ranieri da San Gimignano, le front couvert d’une mitre ignominieuse. Autour de la tête du duc étaient des animaux rapaces et cruels, emblèmes de son caractère ; un de ses conseillers avait en main le palais des Prieurs de la ville et le lui tendait, en traître et déloyal qu’il était. En outre, ils avaient tous au-dessous d’eux les armes de leurs maisons, avec quelques inscriptions qu’il serait difficile de lire aujourd’hui, le temps les ayant presque totalement consumées. Le dessin de cette œuvre et le soin avec lequel elle fut exécutée firent approuver par tous la manière de l’artiste. Il fit ensuite au couvent de Campora, appartenant aux moines noirs, et hors la porte San Piero Gattolini, un saint Cosme et un saint Damien qui furent détruits quand on passa l’église à la chaux. Dans le Val d’Arno, le tabernacle qui est au milieu du Ponte a Romiti[4] fut également peint par lui à fresque dans une belle manière. On trouve rapporté dans les écrits de certains qui en parlèrent, que Tommaso s’adonna à la sculpture et qu’il fit une figure en marbre de quatre brasses de haut, qu’on plaça à l’extérieur du campanile de Santa Maria del Fiore, du côté où se trouve aujourd’hui la confraternità de’ Pupilli. À Rome, il orna une salle de la maison des Orsini de portraits d’hommes célèbres et peignit un saint Louis sur un pilier d’Ara Cœli, près du maître-autel, ainsi qu’une fresque, fortement dégradée aujourd’hui, dans l’église Saint-Jean-de-Latran, et où il représenta le pape de plusieurs manières[5].

Dans l’église inférieure d’Assise, il décora, au-dessus de la chaire, le

  1. Ces différentes peintures n’existent plus.
  2. Le 26 juillet 1343.
  3. Ce décret existe, sans nommer l’artiste chargé du travail Cette peinture fut faite en 1344. (Voir Villani, liv. XII, chap. XXXIV). N’existe plus.
  4. Ibid.
  5. Les peintures faites par Giottino à Rome n’existent plus ; il est à Rome en 1369.