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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/251

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chio[1], à Poppi et dans d’autres endroits de cette vallée. Il travailla également à Arezzo, où il peignit dans la chapelle principale de l’Évêché un épisode de la vie de saint Martin, plusieurs peintures dans le Dôme vieux, aujourd’hui ruiné, entre autres le portrait du pape Innocent VI, dans la grande chapelle ; puis, dans l’église de San Bartolommeo, pour le chapitre des chanoines, la paroi du maître-autel et la chapelle de Santa Maria delle Neve[2]. Dans la vieille compagnie de San Giovanni de Peducci, il exécuta la vie de ce saint qui est aujourd’hui passée à la chaux. Il peignit également, dans l’église San Domenico, la chapelle San Cristofano, où il représenta le bienheureux Masuolo délivrant de la prison un marchand de la famille Fei, qui fit construire cette chapelle. À Sant’Agostino, il fit à fresque la vie de saint Laurent, dans la chapelle et à l’autel des Nardi.

Comme il s’occupait aussi d’architecture, le Conseil des Soixante, qui gouvernait alors la ville d’Arezzo, le chargea d’amener, jusqu’aux murs de la ville, les eaux du coteau de Pori, qui se trouve à trois cents brasses de là. Du temps des Romains, ces eaux arrivaient au théâtre, dont il reste encore quelques vestiges sur la montagne où s’élève actuellement la citadelle, et de là descendaient à l’amphithéâtre, qui était dans la plaine ; édifices et conduits furent détruits par les Goths. Jacopo éleva alors, c’est-à-dire en 1354, la fontaine Guizianelli[3], que par corruption on appelle aujourd’hui Viniziana, et qui n’existe plus depuis les guerres et la peste de l’année 1527[4].

Tout en dirigeant ces travaux, Jacopo continuait à peindre, et il représenta, dans le palais détruit de nos jours, qui était dans la vieille citadelle, plusieurs épisodes de la vie de l’évêque Guido et de Piero Sacconi, qui, en paix et en guerre, avaient accompli de grandes choses pour la ville. Il exécuta également dans l’église paroissiale, sous l’orgue, l’histoire de saint Mathieu, ainsi que d’autres œuvres par la ville. Il enseigna ainsi à Spinello Aretino les principes de son art, qu’il tenait lui-même d’Agnolo Gaddi, et que Spinello transmit ensuite à Bernardo Daddi. Ce dernier enrichit sa patrie de plusieurs ouvrages, et mérita par ses qualités l’estime de ses concitoyens, qui l’employèrent dans les magistratures et les affaires publiques. Ses peintures sont très estimées ; on en voit dans les chapelles San Lorenzo et Santo Stefano de’ Pulci

  1. Un tableau, actuellement à la Galerie Nationale de Londres, et représentant la vie de saint Jean, évangéliste.
  2. Une Pietà qui existe encore ; c’est tout ce qui reste de lui à Arezzo.
  3. Lire Guinizelli.
  4. Depuis 1602, elle est sur la grande place, dans un coin.