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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/258

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Trinità, on voit, hors de l’église, un tabernacle très bien peint à fresque par Spinello, et qui renferme la Trinité, saint Pierre, saint Cosme et saint Damien, revêtus du costume des médecins d’alors[1]. Don Jacopo d’Arezzo ayant été sur ces entrefaites nommé général de la congrégation de Monte Oliveto, dix-neuf ans après l’année où, pour la première fois, il avait employé Spinello, l’appela à Monte Oliveto di Chiusuri, et lui fit peindre en détrempe le tableau de la grande chapelle[2]. Spinello fit sur un fond d’or un nombre incroyable de figures, qu’il entoura d’un ornement en demi-relief, sculpté par Simone Cini, Florentin. Cet ouvrage fut doré par Gabriello Saracini, qui y grava une inscription relatant leurs trois noms et l’année 1385.

Ce travail terminé et après avoir été récompensé et caressé par don Jacopo et les religieux. Spinello revint à Arezzo, mais il n’y resta pas longtemps, car la ville était déchirée par les dissensions des Guelfes et des Gibelins, et venait d’être complètement saccagée[3]. Il se réfugia à Florence, où il avait parents et amis, avec sa famille et son fils Parri, qui commençait à s’occuper de peinture. Il y peignit, comme en guise de passe-temps, hors de la porte San Piero Gattolini, sur la route de Rome, au point où l’on tourne pour aller à Pozzolatico, une Annonciation, dans un tabernacle, qui est actuellement à demi-ruinée, et d’autres peintures dans un tabernacle situé à la place de l’hôtellerie del Galluzzo[4].

Il fut appelé ensuite à Pise[5], pour remplir, dans le Campo Santo, un vide qui existait au-dessous de l’histoire de San Ranieri, entre les fresques de Giotto, de Simone Martini et d’Antonio Viniziano ; pour réunir entre elles toutes ces fresques, il peignit six épisodes de la vie de saint Éphèse et de saint Pothin[6]. Dans le premier compartiment, saint Éphèse, tout jeune, est présenté par sa mère à l’empereur Dioclétien, puis il est nommé général des armées qui devaient marcher contre les chrétiens, et, pendant qu’il chevauche, le Christ lui apparaît et, lui montrant une croix blanche, lui ordonne de ne pas le persécuter. Dans un autre compartiment, l’ange du Seigneur remet à saint

  1. Cette peinture existe encore, restaurée par le peintre Franchini de Sienne.
  2. Ce tableau, représentant des saints, est actuellement au musée de Cologne ; un fragment est au Musée de Sienne. Commandé en 1384 par don Niccolo da Pisa, prieur du couvent de Santa Maria Nuova à Rome, de l’ordre de Monte Oliveto. Manque le nom de Spinello et la date entière.
  3. en 1384.
  4. Ces peintures n’existent plus.
  5. En 1391, par Parasone Grassi, fabricien du Dôme.
  6. Existent encore en partie.