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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/386

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qui, dans la suite, parut si bien doué que son père résolut d’en faire un notaire, estimant son propre métier trop rude et trop peu lucratif. Il n’en arriva pas ainsi, car Giuliano alla bien à l’école, mais, ayant la tête ailleurs, il n’y fit aucun progrès et s’enfuit fréquemment, montrant avoir toute son inclination à la sculpture, quoique d’abord il s’occupât seulement de menuiserie[1] et de dessin. On dit qu’avec Giusto et Minore, maîtres en marqueterie, il exécuta les bancs de la sacristie de la Nunziata, ceux du chœur à côté de la chapelle[2], et qu’il fit des ouvrages analogues à la Badia de Fiesole[3] et à San Marco. Ces travaux lui ayant donné de la réputation, il fut appelé à Pise, où il laissa dans le Dôme le siège, à côté du maîtreautel, sur lequel s’asseoient le prêtre, le diacre et le sous-diacre, pendant la messe[4]. Sur le dossier, on voit trois Prophètes en marqueterie de bois teintés et ombrés. Il fit ensuite les armoires de la sacristie[5], dans l’église de Santa Maria del Fiore ; les mosaïques et la marqueterie dont il les orna furent beaucoup admirées.

À ce moment mourut Filippo di Ser Brunellesco[6]; nommé à sa place par les fabriciens. Giuliano entoura, à l’intérieur de la coupole, les œils-de-bœuf d’incrustations en marbres noirs et blancs, et sur les coins il éleva les pilastres de marbre sur lesquels Baccio d’Agnolo posa ensuite l’architrave, la frise, et la corniche. À la vérité, Giuliano voulut faire la frise, la corniche et la galerie dans un style différent, avec des frontons sur chacun des huit pans de la coupole, mais il ne put jamais mettre son projet à exécution, le reportant sans cesse d’un jour à l’autre, jusqu’à ce qu’il mourût.

Auparavant, étant allé à Naples, il fit, au Poggio Reale, pour le roi Alphonse[7], le magnifique palais actuel[8], avec les belles fontaines qui sont dans la cour. Pour le même souverain, il sculpta, dans la grande salle du château de Naples, des bas-reliefs au-dessus et des deux côtés d’une porte, et il donna à la porte extérieure la forme d’un

  1. Il fit pendant longtemps les cadres des tableaux de Neri di Bicci.
  2. Supprimé au XVIIe siècle, quand le chœur fut recouvert d’incrustations.
  3. Les bancs de la sacristie existent encore, signés : OPVS IVLIANI LEONARDI FLORENTINI MCCCCLXIII.
  4. Existe encore ; travail restitué à Francesco Francione, 1462 et après. Les boiseries sont peut-être de Giuliano.
  5. Existent encore ; la date de ce travail est de 1468 à 1469.
  6. En 1446 ; il fut remplacé par Michelozzo. Giuliano fut capomaestro du 1er avril 1477 à 1489.
  7. Alphonse II n’était à cette date que duc de Calabre.
  8. N’existe plus.