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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/463

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le pape Honorius, pour obtenir la confirmation de la règie de son ordre et lui offrant les roses de janvier. Dans cette scène est représentée la salle du Consistoire, avec les cardinaux assis tout autour et à laquelle aboutissent des escaliers ornés de rampes et occupés par des figures à mi-corps ; parmi celles-ci on remarque le portrait de Laurent l’Ancien de Médicis. Domenico peignit également saint François recevant les stigmates et, dans la dernière scène, sa mort et les frères qui le pleurent ; on en voit un lui baiser les mains avec une affection qu’il serait impossible de mieux exprimer en peinture. Il y a, en outre, un évêque en costume qui, les lunettes sur le nez, chante les vigiles avec tant de naturel, qu’on se rend compte qu’il est peint, simplement parce qu’on ne l’entend pas. Il reproduisit dans deux cadres, qui sont à droite et gauche du tableau de l’autel, les traits de Francesco Sassetti et de Madonna Nera, sa femme[1], à genoux, avec leurs fils, [ceux-ci dans l’histoire de l’enfant ressuscité] et de belles jeunes filles de la même famille, dont je n’ai pu retrouver les noms, revêtues des costumes de l’époque. Sur la voûte, il fit quatre Sibylles et, en dehors de la chapelle, dans l’arc de la paroi antérieure, la Sibylle de Tibur faisant adorer le Christ à l’empereur Auguste[2] ; cette fresque est exécutée avec grande habileté professionnelle et une admirable fraîcheur de coloris. Domenico accompagna ce travail d’un tableau peint de sa main en détrempe, qui représente une Nativité du Christ[3], belle à combler d’étonnement tous les connaisseurs ; il y mit son propre portrait et quelques têtes de bergers, qui sont considérées comme des choses divines.

Il peignit, pour le maître-autel des Jésuites, un tableau[4] enfermant une Vierge tenant l’Enfant Jésus et accompagnée de saints à genoux, entre autres, saint Just, évêque de Volterra[5], à qui l’église est dédiée, San Zanobi, évêque de Florence, un ange Raphaël et un saint Michel couvert d’une armure magnifique. En vérité, Domenico mérite d’être loué pour ce fait, car il fut le premier qui commença à imiter en couleurs certaines garnitures et ornements d’or, qu’on n’avait pas reproduits jusqu’alors et il supprima, en grande partie, ces ornements en relief que l’on faisait à l’or mordant, ou au bol d’Arménie, ce qui était plutôt le fait de fabricants de baldaquins que de bons peintres. Infiniment plus belle que les autres figures est celle de la Vierge, ayant

  1. Au-dessous de laquelle, on lit MCCCCLXXXV, et, sous son mari : XV DECEMBRIS.
  2. Cette fresque est en mauvais état.
  3. Actuellement à l’Académie des Beaux-Arts, datée MCCCCLXXXV.
  4. Actuellement aux Offices.
  5. Archevêque de Lyon.