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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/465

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de peindre sur le mur et travailla avec une grande facilité, quoique avec beaucoup de fini.

Ayant été ensuite appelé à Rome[1] par le pape Sixte IV, pour peindre avec d’autres maîtres dans la chapelle qui porte son nom, il y représenta le Christ faisant quitter leurs filets à Pierre et à André[2], ainsi que la résurrection du Christ[3], fresque entièrement détruite aujourd’hui, parce qu’elle était au-dessus d’une porte où il fallut remettre une architrave qui se brisa.

À cette époque était à Rome Francesco Tornabuoni, honorable et riche marchand et ami intime de Domenico. Sa femme étant morte en couches et Francesco lui ayant fait élever, dans la Minerva, par Andrea Verrocchio, le tombeau qui convenait à son rang, il voulut, de plus, que Domenico peignît toute la paroi où était adossé le tombeau[4], et y fit, en outre, un petit tableau en détrempe. Domenico représenta alors sur la muraille quatre sujets, dont les deux premiers étaient tirés de la vie de saint Jean-Baptiste et les deux derniers de celle de la Vierge ; ces œuvres furent très admirées.

Francesco éprouva tant de douceur dans le commerce de Domenico, que, lorsque celui-ci revint à Florence, avec honneur et profit, Francesco le recommanda à Giovanni, son parent, en lui écrivant combien Domenico l’avait bien servi et combien le pape avait été satisfait de ses peintures. Ce qu’apprenant Giovanni résolut de l’employer à quelque travail magnifique, qui devait honorer sa mémoire à lui, et attirer à Domenico autant de profit que de renommée.

Par hasard, la grande chapelle de Santa Maria Novella, couvent des frères prêcheurs, autrefois peinte par Andrea Orcagna, était gâtée par l’eau en plusieurs endroits, parce que le toit de la voûte était mal couvert. Déjà divers citoyens avaient voulu la réparer, ou la faire peindre de nouveau, mais les Ricci, à qui elle appartenait, s’y étaient constamment refusés, ne pouvant supporter eux-mêmes une si grande dépense et ne voulant pas permettre à un autre de la faire, pour ne pas perdre leurs droits de patronage et d’armoiries qu’ils tenaient de leurs ancêtres. Giovanni se mit d’accord avec les Ricci, en leur promettant de prendre la dépense à son compte, de leur faire un don quelconque de remerciement et de placer leurs armes dans le lieu le plus apparent et le plus honorable de la chapelle. Ces conditions ayant été stipulées par un con-

  1. Il y est, en 1475, avec David, son frère.
  2. Existe encore.
  3. Repeinte par Arrigo Fiammingo, sous Grégoire XIII.
  4. Les peintures de Domenico à la Minerva n’existent plus.