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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/467

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d’après nature de Giovanni Tornabuoni, et à gauche, celui de sa femme ; on les dit tous deux très ressemblants. Sur la muraille de droite, l’histoire de la Vierge est distribuée en sept compartiments, dont les six inférieurs aussi larges que la demi paroi, le dernier supérieur étant enfermé dans l’arc de la voûte et deux fois aussi large que chacun de ceux qui sont au-dessous. Il y en a autant pour l’histoire de saint Jean-Baptiste, à gauche.

Le premier compartiment de la paroi droite représente Joachim chassé du temple ; son visage exprime la patience, comme on voit sur ceux des Juifs la haine et le mépris que leur inspiraient les hommes qui venaient au temple, sans avoir d’enfants. Dans cette histoire, il y a, du côté de la fenêtre, quatre personnages peints d’après nature ; celui qui est vieux, rasé, avec un capuchon rouge, est Alesso Baldovinetti, qui enseigna la peinture et la mosaïque à Domenico ; celui qui a la tête nue, la main sur le flanc et une petite veste bleue sous un manteau rouge, est Domenico lui-même, l’auteur des fresques, et qui s’est peint au miroir ; celui qui a une longue chevelure noire et de grosses lèvres est Bastiano da San Gimignano, son disciple et beau-frère ; enfin, celui qui tourne le dos au spectateur et qui est coiffé d’un petit béret, est le peintre David Ghirlandaio, son frère. Tous ceux qui les ont connus disent que leurs portraits sont vivants.

Dans le deuxième compartiment est la Nativité de la Vierge. On y voit, entre autres choses notables dans les constructions et la perspective, une fenêtre qui éclaire la chambre, et qui vraiment trompe celui qui la regarde. Sainte Anne est au lit[1], et quelques femmes viennent la visiter, pendant que les servantes lavent la Vierge avec précaution : celle-ci apporte de l’eau, celle-là prépare les langes, en un mot, chacune s’utilise comme elle peut, tandis que celle qui tient la petite fille la fait rire avec une grâce toute féminine et digne du reste de l’œuvre. Il y a en outre d’autres sentiments exprimés dans les autres figures. Dans le troisième compartiment, on voit la Vierge montant les degrés du temple : il y a dans ce tableau un édifice qui s’éloigne de l’œil d’une manière très bien entendue, et un homme nu qui fut beaucoup admiré dans ce temps (car on en faisait peu), encore qu’il soit loin de l’entière perfection que l’on a obtenue dans nos jours.

À côté est le Mariage de la Vierge, où Domenico montra la colère de ceux brisant les verges qui n’ont pas fleuri, comme celle de Joseph : ce panneau est rempli de figures dans un édifice bien approprié.

  1. Dans les ornements du lit, il y a inscrit : BIGHORDI, et au-dessous GRILLANDAI.