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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/476

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Eustache et saint Vincent. Piero, en particulier, peignit à l’huile, sur la muraille, d’après la méthode qu’il avait apprise d’Andrea dal Castagno, quelques prophètes[1], dans les angles de la même chapelle, au-dessous de l’architrave, et une Annonciation, avec trois figures, dans un cadre demi-circulaire[2] (2). Pour les capitaines di Parte, Piero peignit à l’huile, dans un cadre demi-circulaire, une Vierge ayant son Fils au cou et entourée d’une frise de séraphins[3]. Les deux frères peignirent encore, sur un pilastre de San Michele in Orto, une toile à l'huile représentant l’ange Raphaël et Tobie[4] ; dans la salle de la Mercatanzia où siègent comme tribunal ces magistrats, ils firent plusieurs Vertus[5]. Il reproduisit les traits de Messer Pogge, secrétaire de la Seigneurie de Florence, qui écrivit l’histoire de la République, après Messer Leonardo d’Arezzo, et ceux de Giannozzo Manetti, homme savant et très estimé, dans le même lieu du Proconsulat[6], où d’autres maîtres, longtemps auparavant, avaient peint les portraits de Zanobi da Strada, poète florentin, de Donato Acciaiuoli et d’autres.

À San Sebastiano de’ Servi, dans la chapelle des Pucci, Antonio peignit le tableau de l’autel, qui est une œuvre rare et excellente[7]. Elle renferme des chevaux admirables, des nus, de belles figures en raccourci et le saint Sébastien qui y est représenté sous les traits de Gino, fils de Lodovico Capponi. Ce tableau est l’œuvre la plus estimée qu’Antonio ait jamais peinte. Comme il cherchait à imiter la nature le plus qu’il pouvait, il fit un des archers qui, se baissant pour charger son arbalète, qu’il tient appuyée contre sa poitrine, montre par ses veines et ses muscles gonflés, et en retenant son souffle, toute la force qu’un homme, puissant des bras, peut mettre pour charger cet instrument. Antonio Pucci donna pour ce tableau, qui fut terminé l’an 1475, trois cents écus, en affirmant qu’il payait à peine les couleurs. Antonio, dont le courage fut ainsi accru, fit encore à San Miniato fra le Torri, au dehors de la porte, un saint Christophe, haut de dix brasses, œuvre très belle et exécutée à la moderne[8] ; c’est, dans cette grandeur, la figure la mieux proportionnée qu’on eût faite jusqu’alors. Il peignit

  1. Huit figures en mauvais état.
  2. Restituée à Alesso Baldovinetti. Il n’y a que deux figures.
  3. Tableau perdu.
  4. Actuellement au Musée de Turin.
  5. Actuellement aux Offices, six en tout ; une septième de Botticelli.
  6. Tribunal des Juges et des Notaires ; ces portraits n’existent plus.
  7. À la Galerie Nationale de Londres.
  8. N’existe plus.