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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/490

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belle[1]. Ayant ainsi donné une preuve de son savoir, il lui fut alloué par l’Art des Marchands de faire deux bas-reliefs, en argent, pour les extrémités de l’autel de San Giovanni[2], qui, une fois mis en place, lui valurent une grande renommée.

À cette époque, il manquait à Rome, sur l’autel de la chapelle papale, plusieurs de ces apôtres en argent qu’on y voit ordinairement, ainsi que d’autres pièces d’argenterie qui avaient été détruites. Appelé par le pape Sixte, Andrea conduisit à bonne fin les travaux que celui-ci lui donna bénévolement à faire, avec beaucoup de soin et de jugement[3]. Voyant alors le grand cas que l’on faisait des statues et des autres antiques qui se trouvaient à Rome, où le pape venait de faire placer à Saint-Jean de Latran le fameux cheval de bronze[4], et de ceux que l’on découvrait chaque jour, aussi bien des fragments que des morceaux entiers, il se décida à se tourner vers la sculpture. Abandonnant donc totalement l’orfèvrerie, il se mit à couler en bronze quelques figurines qui furent très louées ; aussi, devenant plus hardi, il passa au travail du marbre. La femme de Francesco Tornabuoni étant morte en couches à cette époque, son mari, qui l’avait beaucoup aimée et qui voulait l’honorer après sa mort autant qu’il le pouvait, donna à faire le tombeau à Andrea, qui sculpta sur le sarcophage l’accouchement et la mort de cette dame[5]; il fit aussi trois figures représentant trois Vertus qui furent jugées très belles, étant les premières œuvres, en marbre, qui sortaient de sa main ; ce tombeau fut placé à la Minerva.

Étant de retour à Florence, avec de l’argent, de la gloire et de la renommée, on lui fit faire, en bronze, un David[6], haut de deux brasses et demie, qui fut placé, une fois terminé, dans le palais, au sommet de l’escalier où était la chaîne, et qui lui attira de grands éloges. Pendant qu’il y travaillait, il fit encore cette Madone, en marbre[7] qui est au-dessus du tombeau de Messer Leonardo Bruni d’Arezzo, à Santa Croce, qu’il avait commencée, étant très jeune, pour Bernardo Rossellini, architecte et sculpteur, qui éleva tout ce

  1. Ses travaux d’orfèvrerie n’existent plus.
  2. Il n’en fit qu’un seul, représentant la Décollation de saint Jean, vers 1477 ; existe encore aa Musée du Dôme.
  3. Les apôtres en argent de Verrocchio n’existent plus.
  4. C’est la statue équestre de Marc-Aurèle, actuellement sur la place du Capitole.
  5. Ce bas-relief est au Musée National de Florence ; le reste du tombeau n’existe plus.
  6. Fini en 1476, payé 150 florins larges ; actuellement au Musée National. Le dessin initial est aux Offices.
  7. En place.