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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/494

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pour la réparer et la mettre en place. Il lui en arriva autant avec le tombeau du cardinal Forteguerra[1], à Pistoia, lequel, accompagné des trois Vertus théologales et surmonté d’un Père éternel, fut terminé ensuite par Lorenzetto, sculpteur florentin.

Andrea se plaisait à mouler en plâtre, c’est-à-dire avec cette pierre tendre que l’on tire des carrières de Volterra, de Sienne et de divers endroits d’Italie. Cette pierre, cuite au feu, battue et ensuite délayée dans l’eau tiède, devient si tendre que l’on peut prendre l’empreinte de ce que l’on veut, et ensuite, en séchant, elle durcit, en sorte qu’elle peut servir de moule. Andrea moulait ainsi des mains, des genoux, des jambes, des bras et des torses, afin de les copier tout à son aise. De son temps, on commença à mouler à peu de frais les têtes de ceux qui mouraient ; aussi voit-on, dans chaque maison de Florence, une infinité de portraits ainsi exécutés, si naturels et si bien faits qu’ils paraissent vivants. Nous devons avoir une grande obligation de ce procédé à Andrea, qui fut un des premiers à le mettre en pratique.

Outre les œuvres susdites, Verrocchio exécuta encore des Crucifix en bois et d’autres œuvres en terre, travail dans lequel il excellait, comme on peut le voir dans les modèles des reliefs qu’il fit pour l’autel de San Giovanni, dans de petits enfants très beaux et dans une tête de saint Jérôme que l’on regarde comme merveilleuse. On voit encore de sa main l’enfant de l’horloge, dans le Mercato Nuovo, qui a les bras articulés, en sorte qu’en les levant, il sonne l’heure avec un marteau, et qui, dans ce temps, fut considéré comme une œuvre belle et originale[2].

Il avait 56 ans quand il mourut[3]. Il eut pour élèves Pietro Perugino, Léonard de Vinci, dont on parlera en leur temps, et Francesco di Simone, Florentin, qui exécuta à Bologne, dans l’église San Domenico, pour le docteur Alessandro Tartaglia d’Imola[4], un tombeau en marbre avec une foule de petites figures que l’on croirait sculptées par Andrea lui-même. Celui qui, de tous, fut le plus aimé d’Andrea, Lorenzo di Credi, ramena de Venise les restes de son maître et les déposa à Sant’Ambruogio, dans la sépulture de Ser Michele di Cione[5].


    1496, sur une base qu’il avait lui-même édifiée. Sur la sous-ventrière du cheval, on lit cette inscription : ALEXANDER LEOPARDVS V. F. OPVS.

  1. Forteguerra mourut en 1473. Le tombeau, actuellement dans la cathédrale, fut commencé en 1474.
  2. Ces œuvres n’existent plus.
  3. Mort à 53 ans, en 1488.
  4. Tartagni mourut en 1477. Son tombeau est en place, signé : OPERA FRANCIS. SIMONIS. FLOREN.
  5. Son nom est porté sur une dalle, sur le sol de l’église, sans date.