Aller au contenu

Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dérées comme telles par ceux qui s’y entendent, il est nécessaire de s’ingénier toujours, et par tous les moyens, de rendre ses œuvres parfaites et belles ; bien plus, aussi parfaites et aussi belles qu’il soit possible de l’imaginer.


Chapitre II. — De la différence entre le travail rectangulaire simple et le travail rectangulaire sculpté.

Ayant parlé en substance de toutes les pierres qui servent à nos artistes dans leurs travaux soit d’ornement, soit de sculpture, nous dirons à présent que lorsqu’on travaille la pierre pour la construction, on appelle travail rectangulaire celui dans lequel on emploie l’équerre et le compas, et dans lequel on ménage des angles à la pierre. Ce nom dérive des faces et des arêtes qui sont à angle droit ; tout ordre de corniche, tout élément qui soit droit, ou qui ait des ressauts et des angles, est du travail rectangulaire. C’est ainsi que les artistes l’appellent entre eux (lavoro di quadro). Mais si la pierre ne reste pas plane, si l’on sculpte sur les corniches des frises, des feuillages, des oves, des fuserolles, des dentelures, des écailles et d’autres sortes d’ornements, on fait du travail rectangulaire sculpté (lavoro d’intaglio), ou, comme on dit, de la sculpture d’ornement. On traite de cette sorte les différents ordres : rustique, dorique, ionique, corinthien et composite ; ce fut également de cette manière que, du temps des Goths, se traita le style tudesque[1]. Aucune espèce d’ornement ne peut être produite, si l’on ne travaille d’abord la pierre en rectangulaire simple, et ensuite en sculpté, que ce soient des pierres bigarrées, des marbres ou d’autres, que ce soient encore des briques que l’on veut recouvrir ensuite de stuc entaillé, ou du bois de noyer et d’autres essences. Mais comme beaucoup de personnes ne savent pas distinguer les ordres, nous en parlerons séparément dans le chapitre suivant et le plus brièvement que nous pourrons.


Chapitre III. — Des cinq ordres d’architecture : rustique, dorique, ionique, corinthien, composite, et du style tudesque.

L’ordre rustique est de plus petites dimensions et plus grossier que les autres, parce qu’il est le principe et le fondement de tous les autres, La composition des corniches est plus simple, et par conséquent plus belle, tant dans les chapiteaux et les bases que dans tous ses membres. Les socles, ou piédestaux, voulons-nous dire, sur lesquels reposent les

  1. C’est ainsi que Vasari appelle le style gothique.