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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/59

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suivant qu’on veut travailler grossièrement ou finement. Que cela suffise en ce qui concerne les stucs, parce que nous dirons le reste quand il s’agira de les mettre en œuvre, parmi les choses de la sculpture. Avant de passer outre, nous parlerons brièvement des fontaines qu’on élève en maçonnerie et de leur ornementation.


Chapitre V. — Comment on fait des fontaines rustiques avec des encroûtements et des congélations ; comment on imprime dans le stuc des coquillages et des coulées de terre cuite.

Les fontaines que les Anciens élevèrent dans leurs palais, dans leurs jardins et dans d’autres lieux, furent de diverses sortes : les unes isolées, avec des vasques et d’autres vases, les autres adossées à un mur avec des niches, des masques, des figures et des ornements tirés du monde marin ; d’autres encore, plus simples et peu ornées, pour servir à des bains ; d’autres enfin, semblables aux fontaines naturelles qui sourdent dans les bois. Pareillement sont de diverses sortes celles que les modernes ont élevées et élèvent encore maintenant. En les variant sans cesse, ils ont ajouté aux inventions des Anciens des compositions en style toscan, couvertes de matières coulées qui pendent, semblables à des congélations ou à de grosses racines pétrifiées, comme on en voit dans divers endroits où les eaux sont crues et fortes, non seulement à Tivoli, où le fleuve Téverone pétrifie les rameaux des arbres et toute autre chose qu’on y plonge, les recouvrant de croûte et de tartre, mais encore au lac de Piè di Luco, qui fait de remarquables pétrifications, et, en Toscane, à la rivière d’Eisa, dont l’eau fait des pétrifications si claires qu’elles paraissent du marbre, du vitriol, ou de l’alun. Infiniment plus belles et plus bizarres que toutes les autres sont les pétrifications qu’on a trouvées également en Toscane, derrière le Monte Morello, à 8 milles de Florence. Le duc Cosme en a fait faire dans son jardin dell’Olmo, à Castello, les ornements rustiques des fontaines que le Tribolo, sculpteur, a élevées. Ces blocs, enlevés de l’endroit où la nature les a produits, sont assemblés à l’œuvre que l’on veut décorer avec des tenons de fer, des tiges de cuivre scellées au plomb, ou d’une autre manière, et sont fixés dans les pierres de manière qu’ils restent suspendus. On maçonne ensuite le tout dans le style toscan, de manière que la fontaine puisse être vue de tous les côtés. Des tuyaux de plomb cachés et correspondant aux orifices font jaillir l’eau quand on tourne un robinet qui est à l’origine du tuyau. On dispose ainsi des conduites d’eau et des jets d’où l’eau coule ensuite à travers les congélations et, en coulant, donne autant de