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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/67

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visuel, et rétablit la bonne proportion, de manière qu’on a devant soi une statue de bonnes dimensions, et non pas un nain. Et si ce procédé ne plaisait pas, il est loisible de conserver aux membres de la statue leur grâce et leur minceur ; mais cela revient à peu près au même. Beaucoup d’artistes ont l’habitude de faire leurs statues hautes de neuf têtes ; on les divise en huit têtes, non compris la gorge, le cou et la hauteur du pied qui, pris ensemble, complètent à neuf têtes. Soit deux hauteurs de tête pour les jambes, deux pour la distance des genoux aux parties génitales, trois pour le torse jusqu’au creux de la gorge, une du menton jusqu’au haut du front, enfin une pour la gorge et cette partie qui va de la cheville à la plante des pieds. En tout neuf têtes. Les bras sont attachés aux épaules, et de cette articulation au creux de la gorge, on compte une tête de chaque côté. Les bras jusqu’à l’articulation du poignet, ont trois têtes de longueur ; l’homme ouvrant ses bras et les étendant, a une envergure égale à sa hauteur totale. Mais on ne doit se servir de meilleure mesure que le jugement de l’œil ; quand bien même une chose serait bien mesurée, si l’œil est offusqué, il faut la blâmer. Aussi disons-nous que, bien que la mesure soit une juste modération dans l’agrandissement des statues, en sorte que leur hauteur et leur largeur donnent à l’œuvre grâce et proportion, en maintenant toutefois son ordonnance générale, néanmoins l’œil devra ensuite, avec son jugement, enlever ou ajouter, selon qu’il verra des points défectueux, de manière à leur donner des proportions, grâce, dessin et perfection, et à ce qu’elles puissent être louées par tout excellent esprit. La statue, ou figure qui aura ces parties, sera parfaite de bonté, de beauté, de grâce et de dessin. Nous appellerons ces figures ronde-bosse, parce qu’on pourra voir toutes leurs parties terminées, comme celles d’un homme en tournant autour de lui. Il en sera de même des parties qui dépendent de celles-ci. Mais il nous paraît désormais temps de passer à des choses plus particulières.


Chapitre II. — De la manière de faire les modèles en cire et en terre ; comment on les recouvre ; comment on les agrandit ensuite, à proportion, dans le marbre ; comment on dégrossit une œuvre de sculpture, de quelle manière on la travaille à la gradine, on la polit, on la passe à la pierre ponce, on la lisse, et on la rend terminée.

Quand les sculpteurs veulent exécuter une figure de marbre, ils ont l’habitude de préparer pour elle un modèle, pour employer le terme consacré ; c’est une réplique de la figure, de la grandeur d’une