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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/96

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pot un mélange de poix grecque, de mastic et de gros vernis, qu’il étend, après l’avoir fait bouillir, sur le mur avec un gros pinceau. Il l’égalise ensuite avec une truelle rougie au feu, bouchant ainsi les trous du crépi, et donnant au mur une surface plus unie. Quand c’est bien sec, on y met l’enduit ou l’imprimure, et l’on continue dans le mode ordinaire de la peinture à l’huile que nous avons exposé. Comme l’expérience de plusieurs années m’a appris comment il faut peindre à l’huile sur un mur, en dernier lieu et pour peindre les salles, chambres et autres pièces du palais du duc Cosme, j’ai suivi le procédé dont je me suis fréquemment servi ces temps-ci, et que j’exposerai brièvement de la manière suivante : ayant posé le crépi sur lequel il faut faire l’enduit de chaux, de brique pilée et de sable, on laisse bien sécher. Le deuxième enduit sera composé de chaux, de brique pilée bien tamisée et de laitier de fer. Ces trois produits, mélangés par parties égales, et au besoin avec du blanc d’œuf battu et de l’huile de graine de lin, donnent un stuc d’un grain tellement serré, qu’on ne saurait en désirer de meilleur. Je dois avertir qu’on ne doit pas abandonner le crépi tant que la matière est fraîche, sans cela il fendrait sur plusieurs points. Il est au contraire nécessaire, si l’on veut qu’il reste bon, de continuellement le râcler avec la truelle, jusqu’à ce qu’il ait été parfaitement égalisé sur toute sa surface, comme il doit l’être. Le crépi une fois sec, on y pose l’enduit ou l’imprimure, et l’on peut être assuré que les figures et les sujets s’exécuteront parfaitement, comme les peintures du palais en question, et quantité d’autres, peuvent clairement le montrer à qui veut s’en rendre compte.


Chapitre IX. — De la peinture à l’huile sur toile.


Pour pouvoir porter les peintures de pays en pays, les hommes ont trouvé la commodité des toiles peintes ; elles pèsent peu et sont faciles à transporter, une fois roulées. Les toiles peintes à l’huile, pour être souples, et, si elles ne doivent pas rester raides, ne sont pas plâtrées, parce que le plâtre se casserait, si on le roulait. On fait donc une pâte de farine avec de l’huile de noix, et on y mélange deux ou trois poignées de céruse écrasée. Après avoir recouvert les toiles de trois ou quatre couches de colle légère qu’on étend d’un bord à l’autre, on y passe cette pâte avec le couteau, et l’on bouche tous les trous, en égalisant le tout à la main. Cela fait, on donne encore une ou deux couches de colle légère, et on pose ensuite l’enduit ou l’imprimure.