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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/12

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tous disciples de son maître et père adoptif, ne lui fut pas un médiocre stimulant dans son désir d’apprendre.

Il n’avait pas plus de dix-sept ans quand il peignit le tableau[1] du maître-autel de Santa Sophia, à Padoue, qui paraît l’œuvre d’un vieux maître exercé et non pas d’un jeune homme. Il fut ensuite alloué au Squarcione[2] de peindre la chapelle de Saint-Christophe, qui est dans l’église degli Eremitani di Sant’Agostino, à Padoue, travail qu’il donna à faire à Niccolo Pizzolo et à Andrea[3]. Niccolo y exécuta un Dieu le Père, assis dans toute sa majesté, entre les Docteurs de l’Église[4], peinture qui ne fut pas estimée moins bonne que celles d’Andrea, dans le même lieu. En vérité, si Niccolo, qui produisit peu d’œuvres, mais toutes bonnes, s’était autant appliqué à la peinture qu’aux armes, il aurait été un peintre excellent, et peut-être aurait-il vécu plus longtemps qu’il ne le fit. Mais, comme il avait sans cesse les armes à la main et comptait de nombreux ennemis, il fut assailli et assassiné un jour qu’il revenait de son travail. Niccolo ne laissa pas d’autres œuvres que je sache, si ce n’est un autre Dieu le Père, dans la chapelle d’Urbano Perfetto[5]. Andrea donc, étant resté seul, peignit dans la même chapelle les quatre Evangélistes[6], qui furent trouvés extrêmement beaux. Cette œuvre, ainsi que d’autres[7], faisant concevoir de lui de grandes espérances, il obtint de Jacopo Bellini, peintre vénitien et rival du Squarcione, la main d’une de ses filles[8], sœur de Gentile et de Giovanni. Ce qu’apprenant, le Squarcione se prit d’aigreur pour Andrea, au point qu’ils devinrent ennemis ; autant le Squarcione avait auparavant toujours loué ses œuvres, autant il les critiqua ensuite publiquement : il blâma en particulier et sans aucune mesure les peintures qu’Andrea avait faites dans la chapelle de Saint-Christophe, disant que ce n’étaient pas de bonnes productions, parce qu’il avait, en les faisant, imité les marbres antiques, de la copie desquels on ne peut apprendre parfaitement la peinture, parce que la pierre conserve toujours sa raideur et ne peut pas rendre la mollesse des

  1. Tableau inconnu, peinture perdue. Elle était signée : Andreas Mantinea patavinus ann. : septem et decem natus, sua manu pinxit 1448.
  2. Il y travailla avec ses élèves ; ces fresques existent encore.
  3. Andrea y travailla de 1453 à 1469.
  4. Cette fresque existe encore, derrière l’autel.
  5. La chapelle du Prefetto Urbano a été détruite.
  6. Attribués également à Marco Zoppo (peintures de la voûte).
  7. Quatre compartiments de la vie de saint Jacques.
  8. Niccolosa. Elle mourut avant lui, comme on le voit par le testament d’Andrea, fait le 1er mars 1504.