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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/172

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palais d’Ottaviano de’ Medici, un tableau rond représentant la Vierge[1] ; pour San Friano, un tableau[2] ; pour San Matteo, de l’hôpital de Lelmo, plusieurs figures[3] ; pour Santa Reparata, l’ange Michel sur un tableau[4] ; et pour la confrérie dello Scalzo, un tableau remarquable par la finesse de l’exécution[5] Il fit, en outre, un grand nombre de Madones et d’autres peintures qui sont à Florence, dans les maisons de divers citoyens.

Lorenzo, ayant amassé par son travail quelque argent, se retira, en homme qui préfère le repos à la richesse, à Santa Maria Nuova[6], où il vécut et eut un appartement commode jusqu’à sa mort. Il se montra partisan zélé de Fra Girolamo de Ferrare, et sa vie fut toujours celle d’un homme de bien, empressé à rendre service toutes les fois que l’occasion s’en présentait. Finalement, parvenu à l’âge de 78 ans, il mourut de vieillesse et fut enseveli à San Pier Maggiore, l’an 1530[7].

Ses productions sont d’un tel fini que toutes autres peintures, à côté des siennes, paraissent des ébauches grossières et mal nettoyées. Il laissa à sa mort beaucoup d’ouvrages inachevés, et, entre autres, un tableau de la Passion du Christ, fort beau, qui est tombé entre les mains d’Antonio da Ricasoli, et un autre également beau[8], qui a été envoyé à Castiglione par Messer Francesco, chanoine de Santa Maria del Fiore, auquel il appartient. Il ne se souciait pas de faire de grands tableaux, à cause de la peine extrême et du temps qu’il lui fallait pour les terminer et surtout à cause du soin minutieux qu’il mettait à broyer ses couleurs. Il purifiait, en outre, et distillait lui-même ses huiles de noix et composait sur sa palette des tons qu’il conduisait par gradation depuis le plus clair jusqu’au plus obscur, vraiment avec trop de minutie, car parfois sa palette était chargée de vingt-cinq ou trente de ces tons et pour chacun il réservait un pinceau particulier. Il ne souffrait point qu’on fît le moindre mouvement dans son atelier, tant il redoutait la poussière. Cette recherche excessive n’est pas plus

  1. Aux Offices.
  2. Œuvre perdue : sujet inconnu.
  3. Ibid.
  4. Peint en 1523 ; dans la sacristie du Dôme.
  5. Baptême de Jésus-Christ, actuellement aux Offices ; c’est une copie du tableau de Verrocchio, à l’Académie des Beaux-Arts.
  6. Le 1er avril 1531, avec la condition qu’on lui paye une rente de 36 florins, sa vie durant.
  7. Le livre de Santa Maria Nuova : Mori il sopradetto Lorenzo addi XII di giennaio 1536 (style commun 1537).
  8. Une Nativité du Christ, dans la collégiale de Castiglione Fiorentino.