peinture ordinaire, était toujours chargé de nombreuses commandes. Celui-ci ayant mis devant Baldassare un panneau plâtré, sans lui donner de carton ni de dessin, lui demanda d’y représenter une Madone. Baldassare prit un charbon et, en un clin d’œil dessina, avec une grande sûreté, ce qu’il voulait peindre, puis mettant la main aux couleurs, il peignit en peu de jours un tableau si beau et si bien terminé, qu’il excita l’admiration du maître de l’atelier et de tous les artistes qui le virent. Aussi lui alloua-t-on, dans l’église de Sant’ Onofrio, la chapelle du maître-autel qu’il peignit à fresque[1], avec une belle manière et une grâce extrême. Il fit ensuite deux autres petites chapelles à fresque, dans l’église San Rocco a Ripa[2] Commençant ainsi à avoir de la réputation, il fut conduit à Ostie, où il peignit en clair-obscur, dans le donjon du château, différents sujets, et entre autres une bataille dans le style antique. Ces peintures sont regardées comme les meilleures qu’il ait faites ; il est vrai qu’il y fut aidé par Cesare da Milano[3].
Étant ensuite retourné à Rome, il se lia étroitement avec Agostino Chigi, Siennois, soit parce que Agostino aimait naturellement tous les gens de talent, soit parce que Baldassare se faisait passer pour Siennois. Avec l’aide de cet homme considérable, il put étudier les antiques de Rome, particulièrement en ce qui concerne l’architecture, de laquelle, en concurrence de Bramante, il retira rapidement grand fruit, ce qui lui procura honneur et profit. Il s’appliqua aussi à la perspective et obtint, dans cette partie de l’art, une telle perfection que peu d’artistes de nos jours ont pu l’égaler, ce que l’on voit manifestement dans toutes ses œuvres
Le pape Jules II ayant fait construire, dans son palais pontifical, une galerie et une volière, Baldassare y représenta, en clair-obscur, les douze mois de l’année, avec les travaux qui se font dans chaque mois[4] ; il fit entrer dans ces compositions des maisons, des théâtres, des palais, des amphithéâtres et d’autres édifices admirablement agencés. Il décora ensuite, avec plusieurs artistes, différentes salles dans le palais de San Giorgio[5], pour le cardinal Raffaello Riario, évêque d’Ostie. Ces ouvrages lui acquirent une grande renommée ;