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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/18

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simples draperies à l’antique. Il fut également le premier à se servir de grotesques imités de l’antique, dans des œuvres peintes en camaïeu ou dans des frises de couleur, avec plus de dessin et de grâce qu’on n’en avait montré avant lui. Ce fut une merveilleuse chose à voir que les étranges caprices qu’il exprima en peinture. Bien plus, jamais il ne travailla après aucune œuvre, dans laquelle il ne se servît adroitement d’antiquités romaines, telles que des armes, des trophées, des vases, des costumes et tant d’autres choses diverses et belles, en sorte qu’on lui doit avoir une reconnaissance infinie et éternelle pour avoir en cette partie ajouté de la beauté et de l’ornementation à l’art.

Dans sa première jeunesse[1], il termina, dans l’église del Carmine, à Florence, la chapelle des Brancacci, commencée par Masolino et non entièrement achevée par Masaccio, à cause de sa mort. Filippo lui donna donc de sa main son entier achèvement et fit le reste d’une histoire qui manquait, dans laquelle saint Pierre et saint Paul ressuscitent le neveu de l’empereur. Dans la figure de l’enfant nu, il représenta Francesco Granacci, peintre, alors très jeune, et, entre autres personnages de l’époque, Antonio Pollaiolo et lui-même, aussi jeune qu’il était, ce qu’il ne fit plus jamais dans le reste de sa vie. Dans l’histoire suivante, il fit le portrait de Sandro Botticello, son maître.

Il peignit ensuite à détrempe, dans la chapelle de Francesco del Pugliese, à Campora, couvent des moines de la Badia situé hors de Florence, sur un tableau, un saint Bernard à qui apparaît la Vierge avec quelques anges, pendant qu’il écrit dans un bois. Ce tableau, qui fut jugé admirable pour la représentation des rochers, des livres, de la verdure et d’autres choses semblables, fut enlevé de sa place pendant le siège et mis, pour être préservé, dans la sacristie de la Badia de Florence[2]. À Santo Spirito, il peignit un tableau[3] représentant la Vierge, avec saint Martin, saint Nicolas et sainte Catherine, pour Tanaï de’ Nerli. On en voit un autre[4] dans la chapelle des Ruccellai, à San Brancazio, et à San Raffaello, une Crucifixion entre deux figures sur fond d’or[5]. À San Francesco, hors de la Porta a San Miniato, il fit, devant la sacristie, un Dieu le Père avec beaucoup

  1. En 1484.
  2. Actuellement première chapelle à gauche, 1487.
  3. En place.
  4. À la Galerie nationale de Londres, depuis la suppression de l’église. Ce tableau représente une Vierge entre saint Jérôme et saint Dominique.
  5. Au Musée de Berlin ; l’église de San Raffaelo a été supprimée.