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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/181

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salle du Pape, d’après le canon de Michel-Ange et celui de Léonard de Vinci, et que, malgré sa jeunesse, il surpassait les autres dessinateurs, florentins ou étrangers, qui se pressaient en nombre infini pour les étudier. Parmi ceux-ci, Andrea se lia intimement avec le peintre Francia Bigio, dont le caractère et la conversation lui plurent, et inversement ; étant devenus amis, Andrea dit à Francia qu’il ne pouvait plus supporter l’humeur fantasque de Pietro déjà vieux, et qu’il voulait avoir son atelier à lui, ce qu’entendant Francia, qui était forcé de faire la même chose, Mariotto Albertinelli, son maître, ayant abandonné la peinture, il lui proposa de prendre un atelier commun, pour le plus grand avantage des deux[1]. Dans un atelier, piazza del Grano, qu’ils choisirent, ils firent de concert une quantité d’ouvrages, entre autres, les rideaux[2] qui couvrent le tableau du maître-autel dans l’église des Servi, et qui leur furent commandées par un sacristain, proche parent du Francia. Sur celle de ces toiles qui est tournée vers le chœur, ils firent une Annonciation, et sur l’autre, qui est devant, une Déposition de Croix, semblable à celle du tableau qui était dans cet endroit, de la main de Filippo et de Pietro Perugino [3].

À cette époque, les membres de la Compagnia dello Scalzo[4], dédiée à saint Jean-Baptiste, avaient coutume de se rassembler à Florence, au commencement de la Via Larga, en face du jardin de San Marco, dans un oratoire construit récemment par divers artistes florentins qui, entre autres choses, l’avaient orné d’une cour de premier accès, entourée d’une petite colonnade. Quelques uns d’entre eux, voyant qu’Andrea arrivait à se placer au nombre des meilleurs maîtres, mais étant plus riche en bonne volonté qu’en écus, résolurent de lui faire peindre à fresque et en clair obscur, autour de leur cour, douze sujets tirés de la vie de saint Jean-Baptiste[5]. Andrea se mit à l’œuvre et représenta dans le premier, saint Jean baptisant le Christ[6], avec tant de soin et dans une si bonne manière, que cette peinture accrut infiniment son crédit et sa réputation et lui valut de nombreuses commandes de personnes qui comprirent tout ce que promettait un si brillant début. Dans cette première manière, Andrea fit, entre autres

  1. Andrea est immatriculé à l’Art des Médecins et Pharmaciens le 12 décembre 1508.
  2. Ces rideaux n’existent plus : peints par Andrea Feltrini, en 1510
  3. actuellement à l’ Académie des Beaux-Arts.
  4. Supprimée en 1785.
  5. Existent encore, mais en mauvais état.
  6. En 1514.