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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/212

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donna François Ier pour recevoir un si grand empereur. Une partie des chambres qu’avaient élevées le Rosso à Fontainebleau furent détruites après sa mort par le Primaticcio, qui a fait dans cet endroit de nouvelles et plus grandes constructions[1].

Les artistes suivants travaillèrent avec le Rosso, en stuc et en relief, et furent aimés de lui plus que tous les autres : Lorenzo Naldino, Florentin, maître François d’Orléans, maître Simon de Paris, maître Claude, également de Paris, maître Laurent de Picardie et plusieurs autres. Le meilleur de tous fut Domenico del Barbieri, qui est peintre et excellent maître en stuc, de même que dessinateur unique, comme le montrent ses œuvres qui ont été gravées. Pareillement, les peintres qu’il employa dans les travaux de Fontainebleau furent : Luca Penni, frère de Giovan Francesco di Il Fattore, qui fut élève de Raphaël ; Léonard de Flandre, peintre de talent, qui exécutait parfaitement en couleurs les dessins du Rosso ; Bartolomeo Miniati, Florentin ; Francesco Caccianimici et Giovambattista da Bagnacavallo. Ces derniers le servirent pendant que Francesco Primaticcio alla, sur l’ordre du roi, à Rome, pour faire reproduire en bronze le Laocoon, l’Apollon et plusieurs autres antiques remarquables. Je passe sous silence les sculpteurs, les maîtres en bois et quantité d’autres, dont le Rosso se servit dans ces travaux, parce qu’il n’est pas nécessaire de parler de tous, bien que plusieurs d’entre eux aient produit des œuvres dignes d’éloges.

Le Rosso fit ensuite, de sa propre main, un saint Michel qui est admirable, et, pour le connétable de Montmorency, un Christ mort, d’une grande beauté, que l’on voit au château d’Ecouen. Puis il s’occupa d’un recueil d’anatomie qu’il voulut faire graver en France. Par toutes ces œuvres, il s’était rendu si cher au roi que, peu avant sa mort, il se trouva avoir plus de mille écus de rente, sans comprendre les appointements de sa charge qui étaient considérables. De manière qu’il ne vivait plus en peintre, mais en prince, ayant un grand nombre de domestiques, de chevaux, une maison pleine de tapisseries, d’argenterie et de meubles de prix. Mais la fortune, qui ne sourit jamais longtemps à celui qui se fie trop à elle, le fit mal finir, de la plus étrange façon. Tandis qu’un peintre florentin, nommé Francesco di Pellegrino, qui était de ses amis, travaillait avec lui dans son intimité, quelques centaines d’écus furent volés au Rosso, qui, ne soupçonnant personne d’autre que Pellegrino, le fit saisir par la justice

  1. Pareil sort arriva à quantité de constructions et de peintures du Primaticcio.