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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/26

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On y voit une quantité de portraits, entre autres ceux de César Borgia et de ses sœurs.

À Monte Oliveto de Naples, dans la chapelle de Paulo Tolosa, il y a une Assomption de sa main[1]. Il fit une quantité d’autres œuvres[2] par toute l’Italie, que je passe sous silence car ce sont des œuvres de métier et non pas d’art. Il avait coutume de dire que le plus grand relief qu’un peintre puisse donner à ses figures est de s’inspirer de lui-même, et non pas de s’astreindre aux principes, ou d’étudier les autres maîtres. Il travailla aussi à Pérouse, mais peu. Dans l’église d’Ara Cœli, il peignit la chapelle de San Bernardino[3], et à Santa Maria del Popolo, où il décora les deux chapelles dont nous avons déjà parlé, il figura les quatre Docteurs de l’Église sur la voûte de la grande chapelle[4].

Enfin, parvenu à l’âge de cinquante-neuf ans, il eut à faire une Nativité de la Vierge[5], pour les religieux de San Francesco de Sienne, qui lui donnèrent une chambre que, sur sa demande, ils débarrassèrent de tous les meubles qui s’y trouvaient, à l’exception d’un coffre vieux et de grandes dimensions, qui leur parut trop incommode à déplacer. Mais Pinturicchio, en homme étrange et fantasque qu’il était, fit tant de bruit et si souvent que les Frères, en désespoir de cause, se décidèrent à le transporter ailleurs. Leur bonheur voulut qu’en le sortant, une planche se brisât qui laissa voir cinq cents ducats d’or. Pinturicchio en eut tant de chagrin, ne pouvant supporter la bonne aubaine qui survenait à ces pauvres moines, qu’il en eut l’esprit tout obsédé, et qu’il en mourut[6]. Ses peintures datent de l’an 1513 environ.

Il eut pour compagnon et ami, quoique plus âgé, Benedetto Buonfiglio, peintre pérugin qui travailla au Vatican. À Pérouse, il peignit dans la chapelle de la Seigneurie divers traits de la vie de San Ercolano, évêque et protecteur de la ville, et quelques miracles opérés par saint Louis[7]. À San Domenico, il fit en détrempe une Adoration des Mages et un tableau représentant différents saints[8]. En somme,

  1. Au musée de Naples.
  2. Entre autres les fresques de la cathédrale de Spello.
  3. Chapelle Bufalini, existe encore, 1497-1500.
  4. Un couronnement de la Vierge, les quatre Docteurs, les Évangélistes et les Sibylles. Existent encore.
  5. Détruite dans l’incendie du 24 août 1655.
  6. Un contemporain, Sigismondo Tizio, curé de la paroisse où habitait Pinturicchio, raconte au contraire qu’étant malade il fut enfermé par sa femme Grania, et mourut de faim le 11 décembre 1513.
  7. Existe encore en mauvais état.
  8. Tous deux à la Pinacothèque de Pérouse.