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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/261

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plein qui y était, un palais doté de toutes les beautés et commodités possibles, en tant qu’appartements, loges, jardins, fontaines et bosquets. Il donna la charge du tout à Jules, qui l’accepta volontiers, et conduisit à bonne fin ce palais, connu alors sous le nom de Vigna de’Medici, et aujourd’hui sous celui de Vigna di Madama[1].

Se conformant à la disposition du site et à la volonté du cardinal, il fit la façade antérieure demi-circulaire, en forme de théâtre, divisée par des niches et des fenêtres, avec une ordonnance ionique, d’un goût si parfait, que plusieurs personnes pensent que Raphaël en fit la première esquisse et que Jules la mit à exécution. On voit de lui dans les appartements un grand nombre de peintures, particulièrement après avoir passé du premier vestibule après l’entrée dans une magnifique loggia ornée de grandes niches et d’autres plus petites, qui toutes sont occupées par des statues antiques, parmi lesquelles il y avait un Jupiter d’une beauté rare, qui fut ensuite envoyé avec d’autres statues au roi François Ier, par la famille Farnèse. Jean d’Udine décora de grotesques cette galerie dont les murailles et les voûtes sont couvertes de peintures et de stucs admirables. En tête de la loggia, Jules peignit à fresque un énorme Polyphème entouré de quantité d’enfants et de petits satyres qui jouent autour de lui. Cette œuvre valut à Jules de grands éloges, ainsi que tous les autres travaux et dessins qu’il fit pour ce lieu, orné par lui de pêcheries, de pavements, de fontaines rustiques, de bosquets et d’autres choses semblables, faites avec goût et jugement. Il est vrai que, Léon X étant venu à mourir[2], cette entreprise, à cause de l’élection d’Adrien VI et du retour du cardinal de Médicis à Florence, resta inachevée, ainsi que tous les travaux publics commencés par Léon X.

Pendant ce temps-là, Jules et Giovan Francesco achevèrent beaucoup d’œuvres que Raphaël en mourant avait laissées imparfaites ; ils se disposaient à mettre en œuvre une partie des cartons qu’il avait faits pour les peintures de la grande salle du Vatican, où déjà il avait commencé à peindre quatre sujets tirés de l’histoire de l’empereur Constantin, et où il avait couvert une paroi d’un enduit pour peindre à l’huile, lorsqu’ils s’aperçurent qu’Adrien, en homme qui n’aimait ni la peinture, ni la sculpture, ni aucune bonne chose, ne se souciait pas que cet ouvrage fût terminé. Tant que vécut Adrien, peu s’en fallut que Jules Romain, Il Fattore, et avec eux Ferino del Vaga, Jean d’Udine,

  1. Du nom de la duchesse Margherita Farnèse ; complètement en ruines.
  2. Le 10 décembre 1521.