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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/270

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rable monument : mais ses enfants et sa femme remettant sans cesse la chose, ont disparu à leur tour, sans que le monument fût élevé.



 

Sébastian VINIZIANO
Peintre, né en 1485, mort en 1547

Ainsi que plusieurs l’affirment, la peinture ne fut pas la première occupation de Sebastiano[1], mais la musique ; outre le chant, il se plaisait beaucoup à jouer de divers instruments, particulièrement du luth sur lequel il rendait toutes les parties, sans autre accompagnement, et ses talents le rendirent longtemps agréable aux gentilshommes vénitiens, avec lesquels il vivait en grande familiarité. Puis, comme il eut envie, étant encore jeune, de s’adonner à la peinture, il en apprit les premiers principes de Giovan Bellini, alors âgé. Giorgione da Castelfranco ayant introduit ensuite à Venise les modes de la manière moderne, plus fondus et avec un certain éclat de couleurs, Sebastiano quitta Giovanni et se mit avec Giorgione, dont il prit en grande partie la manière. Il fit alors à Venise plusieurs portraits d’après l’original, très ressemblants, entre autres celui de Verdelotto, excellent musicien français, qui était maître de chapelle à Saint-Marc, et, sur le même tableau, celui de Ubretto, élève du précédent, et chanteur. Ce tableau fut apporté à Florence par Verdelotto, quand il y vint comme maître de chapelle de San Giovanni ; actuellement, Francesco San Gallo, sculpteur, l’a dans sa maison[2]. Il fit encore à la même époque, à San Giovanni Crisostomo de Venise, un tableau rempli de figures qui tiennent tellement de la manière de Giorgione, que plus d’une fois elles ont été attribuées à ce maître par des personnes qui n’avaient pas une connaissance suffisante des choses de l’art ; ce tableau est fort beau, et le coloris en a beaucoup de relief[3].

La réputation de Sebastiano s’étant répandue au loin. Agostino Chigi, riche marchand originaire de Sienne, qui faisait beaucoup d’affaires à Venise, chercha à l’attirer à Rome, car, outre ses peintures, il appréciait son talent sur le luth et son agréable conversation. Il n’eut pas de peine à l’amener à Rome, car Bastiano savait que cette commune patrie a toujours été la protectrice des beaux génies. Étant donc

  1. Fils de Luciano Luciani.
  2. Tableau perdu.
  3. Actuellement au maître-autel de cette église. Il représente le saint assis et entourés d’autres saints ou saintes.