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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/279

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Ridolfo, et parmi tous les jeunes gens, florentins et étrangers, qui étudiaient le carton de Michel-Ange, aucun n’était capable de lutter avec lui.

À cette époque, le Vaga[1], peintre florentin médiocre, qui travaillait à Toscanella, vint à Florence chercher des auxiliaires qui l’aidassent à exécuter les commandes dont il était surchargé. Il désirait un compagnon et un jeune homme assez habile pour suppléer à son ignorance du dessin et des autres choses de l’art. Celui-ci, voyant Perino dessiner dans l’atelier de Ridolfo, fut frappé de le trouver si supérieur aux autres élèves ; séduit de plus par sa bonne mine et ses manières gracieuses, il lui proposa de l’emmener à Rome, avec la promesse de l’aider dans ses études et aux conditions que le jeune homme fixerait. Avec le consentement de ses premiers maîtres. Perino se rendit d’abord à Toscanella, avec l’autre compagnon, et il les aida à terminer de nombreux travaux. Puis, se plaignant que le Vaga tirait en longueur les promesses qu’il lui avait faites, il se décida à aller tout seul à Rome, ce qui fut cause que le Vaga quitta tout pour le conduire dans cette ville. L’amour de l’art fit retourner Perino à ses études de dessin et, s’y livrant pendant plusieurs semaines, il y prenait plus de goût chaque jour. Puis le Vaga, désirant retourner à Toscanella, le recommanda à plusieurs peintres ; à dater de ce moment, il ne cessa jamais de porter le nom de Perino del Vaga. Forcé de travailler en boutique pour gagner sa subsistance, mais enflammé par la vue des antiques. Perino résolut de consacrer une moitié de la semaine à son métier ordinaire et de donner a l’étude l’autre moitié, ainsi que les jours de fête et la plus grande partie des nuits. Il mit ce projet à exécution et commença par copier les peintures laissées par Michel-Ange dans la chapelle du pape Jules, tout en cherchant à imiter la manière de Raphaël d’Urbin. Il dessina ensuite les bas-reliefs, les statues antiques, ainsi que les décorations tirées des fouilles récentes et appelées grotesques, et apprit à travailler le stuc. Il gagnait péniblement son pain et supportait la misère pour devenir excellent dans cette partie ; aussi devint-il bientôt le meilleur dessinateur qu’il y eût à Rome, et n’y eut-il personne qui entendît mieux que lui la musculature humaine et le nu. Ce qui fut cause qu’il se fit rapidement connaître tant par quantité de seigneurs et de prélats que par les artistes, en particulier par Jules Romain et Giovan Francesco, dit II Fattore, qui parlèrent de lui avec tant d’éloges à leur maître, Raphaël d’Urbin, que celui-ci voulut le connaître et

  1. Peintre inconnu.