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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/311

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éclipsée par les deux autres. Les bastions voisins sont également de lui. Il construisit ceux de Cornaro et de Santa Croce, à Padoue, conformes à son invention du bastion à cornes, car auparavant on les faisait ronds ; deux belles portes à Legnago, et fit travailler à de nombreux travaux de fortification à Bresci, à Peschiera et à la Chiusa[1], au-dessus de Vérone. Mentionnons encore le beau pont dit II Ponte Nuovo, que Sanmichele, à son premier retour de Rome, jeta sur l’Adige, à Vérone, par l’ordre de Messer Giovanni Emo, qui était alors podestat de cette ville. Michele excella non seulement dans l’art des fortifications, mais encore dans l’architecture civile, comme le prouvent les édifices religieux et particuliers qu’il éleva à Vérone et ailleurs, en particulier la chapelle très belle, des Guareschi[2], à San Bernardino de Vérone ; elle a la forme d’un petit temple circulaire d’ordre corinthien. Le dessin du temple rond della Madonna di Campagna près de Vérone[3], est également son œuvre. Dans le couvent de San Giorgio, à Vérone, il éleva la coupole de l’église, malgré l’opinion de ceux qui pensaient que la construction ne tiendrait pas, à cause de la faiblesse des reins, qu’il fortifia ; il y fit également le dessin d’un beau campanile que son neveu Bernardino est en train d’achever. Citons encore une chapelle, ronde pour les comtes della Torre de Vérone, dans leur villa de Fumane[4]. Dans l’église du Santo, à Padoue, on éleva, sous sa direction, un somptueux tombeau pour Messer Alexandro Contarini, procurateur de Saint-Marc, et qui fut provéditeur de la flotte vénitienne. Il semble que Michele voulut montrer, dans ce tombeau[5], de quelle manière on doit élever de pareils monuments, sortant de l’ordinaire, en leur donnant, à son avis, plutôt la forme d’un autel et d’une chapelle que d’un tombeau. Je dis que ce tombeau est très riche d’ornements, ferme de composition, et qu’il a le caractère guerrier : comme ornements, on y voit une Thétis et deux prisonniers de la main d’Alexandro Vittoria, que l’on regarde comme de bonnes figures, plus une tête ou plutôt un buste au naturel du dit seigneur, avec la cuirasse, sculpté en marbre par le Danese de Carrare. Il y a en outre d’autres motifs d’ornements, tels que des prisonniers, des trophées, des dépouilles militaires et d’autres objets, dont il n’y a pas lieu de faire mention. On lui doit, à Venise, le modèle du couvent des religieuses de San

  1. Remplacée par un fort moderne en 1848.
  2. Appelée chapelle Pellegrini.
  3. À un mille sur la route de Venise, 1559-1586.
  4. Existe encore.
  5. Tombeau en place.