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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/323

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Pise. Grâce à l’entremise de Battista del Cervelliera, il y fit, pour Messer Bastiano della Seta, intendant de la cathédrale, deux tableaux qui furent placés derrière le maître-autel, à côté de ceux du Sogliani et de Beccafumi. L’un de ces tableaux représente le Christ mort, avec la Vierge et les autres Maries, l’autre le Sacrifice d’Abraham[1]. Mais, comme ces peintures furent peu réussies, le dit intendant qui avait primitivement l’intention de lui faire faire quelques tableaux pour l’église, le congédia. Dans le même temps, Giovannantonio acheva un tableau à l’huile qu’il avait autrefois commencé pour Santa Maria della Spina, et qui représente la Vierge tenant l’Enfant Jésus, et ayant devant elle sainte Marie-Madeleine et sainte Catherine agenouillées ; à ses côtés se tiennent debout saint Jean, saint Sébastien et saint Joseph[2]. Dans toutes ces figures, il se comporta mieux que pour les deux tableaux de la cathédrale.

N’ayant ensuite plus rien à faire à Pise, il se rendit à Lucques où, à San Ponziano, couvent de l’ordre de Monte Oliveto, un abbé de sa connaissance le chargea de peindre une Madone dans un escalier qui conduit au dortoir. Cette œuvre terminée, Giovannantonio, épuisé, pauvre et accablé d’années, retourna à Sienne où bientôt il tomba malade. Comme il n’avait personne qui voulut prendre soin de lui, il se retira dans le Grand Hôpital et il y mourut au bout de quelques semaines.

Au temps de sa jeunesse et de sa fortune, Giovannantonio se maria à Sienne avec une jeune fille bien née[3], qui, dès la première année, lui donna une fille ; mais le Sodoma, en véritable brute qu’il était, se dégoûta de sa femme et ne voulut plus la voir. Elle se retira donc chez elle, vivant de son travail et du revenu de sa dot, et supporta, avec une patience exemplaire, les folies et les saletés de son mari, bien digne assurément du surnom de Mattaccio que lui avaient donné les religieux de Monte Oliveto. Le Riccio[4] de Sienne, disciple de Giovannantonio et peintre très habile, se maria avec la fille de son maître, laquelle avait été parfaitement élevée par sa mère. Il hérita de tous les objets d’art qui avaient appartenu à son beau-père. Celui-ci vécut soixante-quinze ans et mourut en 1554[5].


 

  1. Tous deux en place, 1542.
  2. Au Musée Civique de Pise, 1542 ; payé 520 livres et 10 sous.
  3. Béatrice, fille de Luca Galli, hôtelier de l’Hôtel de la Couronne. Il l’épousa en 1510 : elle avait 450 florins de dot. Il eut un fils, mort jeune, et une fille, Faustine.
  4. Bartolommeo Neroni, mort en 1571.
  5. Mort le 14 février 1549, à 72 ans, d’après une lettre de Ser Alessandro Buoninsegni à son frère, ambassadeur à Naples. Il y est dit : Il cav. Sodoma questa notte si e morto. [Archives de Sienne.]