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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/325

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peu tard de n’avoir pas consacré le temps qu’il avait donné à la mosaïque. Davit exécuta en mosaïque, pour le roi de France, sur un épais panneau de noyer, une Madone entourée de plusieurs anges[1]. Comme il habitait à Montaione, château du Vald’elsa, pour y avoir en toute commodité des fourneaux, du bois et des matières vitrifiables, il fit une foule de vitraux et de mosaïque, et quelques vases qui furent donnés à Laurent le Magnifique, ainsi que trois têtes, sur une feuille de cuivre, qui sont aujourd’hui dans la garde-robe du duc et qui représentent saint Pierre, saint Laurent et Julien de Médicis.

Pendant ce temps, Ridolfo, en dessinant le carton de Michel-Ange, passait pour un des meilleurs dessinateurs de l’époque ; il était aimé de tous, et particulièrement de Raphaël d’Urbin qui, étant lui aussi jeune homme de grand renom, demeurait alors à Florence, pour apprendre l’art, comme on l’a déjà dit. Ridolfo se mit ensuite sous la direction de Fra Bartolommeo di San Marco, et tels furent ses progrès d’après l’avis des meilleurs connaisseurs, que Raphaël, devant aller à Rome, où il était appelé par le pape Jules II, lui laissa à terminer la draperie bleue d’une Madone[2], et quelques petites choses, dans un tableau de la Vierge, exécuté pour des gentilshommes siennois ; ce tableau terminé avec grand soin fut envoyé à Sienne. Raphaël ne fut pas longtemps à Rome sans chercher par toutes sortes de moyens à y attirer Ridolfo ; mais celui-ci, qui n’avait jamais, comme on dit, perdu la coupole de vue[3], ne put se résoudre à aller vivre loin de Florence. Dans le monastère des religieuses de Ripoli, il peignit deux tableaux à l’huile, un Couronnement de la Vierge[4], et une Madone entourée de plusieurs saints[5]. Dans l’église de San Gallo[6], il fit un tableau représentant Jésus qui porte sa croix, entouré de soldats, pendant que la Vierge et les autres Maries pleurent avec Jean, et que Véronique essuie la sueur du Christ avec son voile[7]. Cette œuvre, qui renferme plusieurs têtes très belles, faites d’après le modèle et peintes avec amour, acquit grand renom à Ridolfo. Ayant à faire, pour le couvent de Cestello, un tableau

  1. Au Musée de Cluny. Signée : OPUS MAGISTRI DAVID FLORENTINI, MCCCCLXXXX. Il travailla également aux Dômes de Sienne et d’Orvieto.
  2. La belle Jardinière, au Musée du Louvre.
  3. Proverbe toscan.
  4. Au Musée du Louvre, daté MDIII.
  5. En place, deuxième autel à gauche, représente le Mariage mystique de sainte Catherine.
  6. Église démolie pendant le siège de 1527.
  7. Actuellement au palais Antinori de San Gaetano.