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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/342

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affection à Daniello et l’envoya peu après travailler dans une maison de campagne appelée le Salone, qu’il avait élevée hors de Rome et qu’il faisait orner de fontaines, de stucs et de peintures par Giovan-Maria da Milano et autres. Stimulé par la concurrence des autres peintres qui y travaillaient, ou pour servir ce seigneur dont il pouvait espérer honneur et profit, Daniello peignit diverses choses dans des appartements et des loggias, en particulier des grotesques pleins de figures de femmes variées. Il réussit surtout une histoire de Phaéton, peinte à fresque et pleine de figures en grandeur naturelle, ainsi qu’un grand fleuve, qui est une excellente figure, en sorte que le cardinal, allant souvent voir ces œuvres, et emmenant avec lui tel ou tel cardinal, lui fit avoir de nombreuses et utiles amitiés.

Ferino del Vaga ayant besoin d’un jeune homme qui l’aidât à peindre, dans l’église della Trinità, la chapelle de Messer Agnolo de’ Massimi, attira près de lui Daniello, qui l’aida à faire quelques parties qu’il conduisit à fin avec grand soin. Avant le sac de Rome, Ferino avait représenté, à San Marcello, sur la voûte de la chapelle del Crocefisso, la Création d’Adam et d’Ève, en grandeur naturelle, et les deux Évangélistes saint Marc et saint Jean, beaucoup plus grands, mais ce dernier était resté inachevé de toute la partie supérieure. Lorsque la paix fut revenue à Rome, les membres de cette compagnie décidèrent que Perino terminerait cet ouvrage. Comme il avait autre chose à faire, il se contenta de dessiner un carton, d’après lequel Daniello termina le saint Jean ; en outre, Daniello peignit entièrement saint Luc et saint Mathieu, et, entre ces deux Évangélistes, deux petits enfants portant un candélabre, puis, sur l’arc surmontant la fenêtre, deux anges suspendus dans les airs et tenant en main les mystères de la Passion. Il orna richement l’arc de grotesques et de belles figures nues ; en somme, il montra un grand talent dans ce travail, bien qu’il y eût dépensé par trop de temps[1].

Perino ayant ensuite donné à faire à Daniello une frise dans une salle du palais de Messer Agnolo de’Massimi, avec de nombreux compartiments de stuc et divers sujets de l’histoire de Fabius Maximus, Daniello s’en tira si bien que la signora Elena Orsina, ayant vu cette œuvre et entendant louer le talent du peintre, lui donna à peindre sa chapelle, dans l’église della Trinità di Monte, où habitent les Frères de Saint-François de Paule[2]. Mettant tous ses efforts pour faire une

  1. Les œuvres des deux peintres à San Marcello existent encore.
  2. Ces peintures existent encore.