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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/381

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dations si mal établies dans l’eau, que l’on pouvait s’attendre à voir l’édifice s’écrouler avant peu d’années. Le Sansovino refit en sous-œuvre toutes les fondations, en pierres énormes posées dans le canal, tandis que l’on soutenait le bâtiment avec des étais merveilleux, et que ses possesseurs continuaient à l’habiter en toute sécurité.

Pendant qu’il était occupé à ces constructions, il n’a jamais cessé pour cela de produire journellement des œuvres belles et importantes de sculpture en marbre et en bronze. Au-dessus du bénitier des religieuses de la Ca Grande[1], il y a de lui un saint Jean-Baptiste en marbre, très beau et très estimé[2]. À Padoue, dans la chapelle du Santo, il y a un grand bas-relief, en marbre, de sa main, en figures de demi-relief représentant un miracle de saint Antoine de Padoue[3]. Au bas des escaliers du palais de Saint-Marc, il fait, en ce moment[4], deux statues colossales, en marbre, hautes de sept brasses, à savoir un Neptune, et un Mars, emblèmes de la puissance que la sérénissime république possède sur terre et sur mer.

Pour le duc de Ferrare, il fit un Hercule, et, pour la chaire de l’église Saint-Marc, il jeta en bronze six bas-reliefs[5] d’une brasse de hauteur sur une brasse et demie de largeur, contenant des sujets tirés de la vie de saint Marc l’évangéliste. La même église lui doit les portes en bronze de la sacristie, couvertes de sujets empruntés à la vie du Christ, et la Madone en marbre, grande comme nature, qui est sur la porte d’entrée[6]. Il est aussi l’auteur de la belle Madone en marbre portant l’Enfant Jésus, que l’on voit au-dessus de la porte de l’Arsenal[7].

Non seulement tous ces travaux ont illustré et orné la république, mais encore ils ont valu à Sansovino une immense réputation, l’amitié des seigneurs vénitiens et le respect des autres artistes ; on n’entreprenait aucun ouvrage de sculpture et d’architecture sans le consulter. Et certes, il avait bien mérité d’occuper le premier rang parmi les maîtres de Venise et d’être aimé et vénéré par les nobles et par les plébéiens, car Venise lui doit sa rénovation presque complète et la connaissance de la vraie et bonne architecture.

  1. Santa Maria de’Frari.
  2. Existe encore.
  3. Une jeune fille noyée et ressuscitée. Signé : Jacobus Sansovinus, sculp. et architec. floren.
  4. En 1567, au pied de la Scala de’Giganti. En place.
  5. Dans le presbytère de l’église ; il fit également les statues des quatre Evangélistes placées sur le jubé.
  6. Existent encore.
  7. N’existent plus.