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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/383

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enfants ciselés en or avec un rare talent, ce qui lui valut, outre son salaire, une charge de massier. Clément VII lui ayant commandé un calice d’or dont la coupe devait être supportée par des figures représentant les Vertus théologales, Benvenuto conduisit presque entièrement à fin cet ouvrage avec un art merveilleux. De tous les artistes qui, de son temps, s’essayèrent à graver les médailles du pape, aucun ne réussit mieux que lui, comme le savent très bien tous ceux qui en possèdent ou qui les ont vues. Aussi lui confia-t-on la gravure des coins de la Monnaie de Rome, et n’a-t-on jamais vu de plus belles pièces que celles qui furent alors frappées à Rome. Après la mort de Clément VII, Benvenuto retourna à Florence où il fit des coins, avec la tête du duc Alexandre, pour la Monnaie ; ces coins sont d’une telle beauté que l’on en conserve aujourd’hui plusieurs empreintes comme de précieuses médailles antiques, et c’est à bon droite car Benvenuto s’y surpassa lui-même.

S’étant ensuite consacré à la sculpture et à la fonte du bronze, il fit en France quantité d’ouvrages en bronze, en argent et en or, pendant qu’il était au service du roi François Ier. De retour dans sa patrie et étant entré au service du duc Cosme, celui-ci lui commanda d’abord plusieurs pièces d’orfèvrerie et ensuite quelques sculptures ; c’est alors que Benvenuto jeta en bronze Persée venant de couper la tête de Méduse. Cette statue est sur la place du Duc, non loin de la porte du palais, sur un piédestal en marbre orné de magnifiques figurines de bronze de la grandeur d’une brasse et d’un tiers ; étudiée avec le plus grand soin dans toutes ses parties, elle est bien digne de la place qu’elle occupe auprès de la Judith du célèbre Donato. Il est vraiment étonnant qu’après ne s’être exercé pendant tant d’années qu’à ciseler de petites figures, Benvenuto soit parvenu à mener à bonne fin une statue d’une si grande dimension. On lui doit aussi un Crucifix en marbre, en rondebosse et grand comme nature, qui est, dans son genre, le morceau le plus beau et le plus rare que l’on puisse voir. Le duc le conserve précieusement dans son palais et le destine à la chapelle ou petite église qu’il y fait construire. Je pourrais m’étendre davantage sur le compte de Benvenuto qui, dans toute sa conduite, s’est constamment montré intrépide, fier, ardent, énergique, terrible, et qui n’hésite pas à dire le fond de sa pensée aux princes, non moins audacieux avec eux que dans ses ouvrages. Mais je ne dirai rien de plus, attendu qu’il a lui-même écrit sur sa vie et sur ses ouvrages avec beaucoup plus de méthode et d’éloquence que je ne saurais peut-être le faire. Il a composé deux traités, l’un sur la sculpture et l’autre sur l’orfèvrerie, la fonte et le jet des métaux et les