Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/328

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STROGOFF.

Attendez donc… Il faut que, moi aussi, je fasse viser le mien. Peut-être obtiendrai-je du maître de police qu’il consente à vous expédier plus promptement, avant que la cloche ne rassemble tous les autres voyageurs. Venez donc !… Nous ne sommes pas destinés, sans doute, à jamais nous revoir, mais je penserai souvent à vous, et je voudrais savoir votre nom.

NADIA.

Nadia Fédor.

STROGOFF.

Nadia.

NADIA.

Et le vôtre ?…

STROGOFF.

Moi… je… je m’appelle Nicolas Korpanoff.

(Ils entrent au bureau de police.)

Scène V

BLOUNT, LE MAÎTRE DE POSTE.
(Blount, couvert de poussière, la tête enveloppée d’un voile à la mode anglaise, et monté sur un âne, arrive au fond par la grande route. Il entre dans la cour.)
BLOUNT, au fond et appelant.

Mister hôtelière ! mister hôtelière ! (Descendant sur le devant.) Dans quel déploreble situéchion nous étions, cette pauvre hâne et moi !… Impossible de continouyer notre voyage ! — (Appelant.) Mister hôtelière !… J’avais été forcé de prendre cette malheureuse animèle, parce qu’on avait volé mon voiture et mon chivaux !… Et nous avons fait une si longue trajette, nous étions si fatigués toutes les deux, que lui ne pouvait plus porter moi, et que moi je pouvais plus descendre de lui !… (Appelant.) Mister hôtelière !… Nous étions collés ensemble, et ce hâne et moi, nous ne faisions plus qu’une seule ani… Non !… une seul person… (Appelant plus fort.) Mister hôtel !… J’avais un grand mal de reins !… C’était une cour… une courbé… — (S’adressant à l’âne.) Comment vous appelez… Oh ! non… il ne sait pas… une courbétioure !… Mais je pou-