Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/394

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MARFA.

Mon fils ! mon fils ! (Ils tombent dans les bras l’un de l’autre.)

NADIA.

Marfa…

MARFA.

Oui, oui, c’est moi, mon enfant bien-aimé, c’est moi, mon noble et courageux martyr… Laisse-moi les baiser mille fois ces yeux ! Ces pauvres yeux éteints !… Et c’est pour moi, c’est parce qu’il a voulu défendre sa mère qu’ils l’ont ainsi torturé !… Ah ! pourquoi ne suis-je pas morte avant ce jour fatal !… Pourquoi ne suis-je pas morte, mon Dieu !

STROGOFF.

Mourir !… toi, non… non !… Ne pleure pas, ma mère, et souviens-toi des paroles que je dis ici : Dieu réserve à ceux qui souffrent d’ineffables consolations !

MARFA.

De quelles consolations me parles-tu, à moi, dont les yeux ne doivent plus, sans pleurer, se fixer sur les tiens ?

STROGOFF.

Le bonheur peut renaître en ton âme.

MARFA.

Le bonheur ?

STROGOFF.

Dieu fait des miracles, ma mère…

MARFA.

Des miracles ! Que signifie ?… Réponds, réponds, au nom du ciel !

STROGOFF.

Eh bien ! apprends donc !… je, je… Ah ! la joie ! l’émotion de te retrouver… ma mère… ma…

MARFA.

Mon Dieu ! la parole expire sur ses lèvres… Il pâlit… il perd connaissance !…

NADIA.

C’est l’émotion après tant de fatigues !

MARFA.

Il faudrait pour le ranimer !… Ah ! cette gourde ! (Elle prend la gourde que Strogoff porte à son côté.) Rien !… Elle est vide… Là-bas, de l’eau !… Va, va… Nadia ! (Nadia prend la gourde et s’élance au fond sur le chemin qui monte vers la droite.)