Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/49

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AOUDA.

Mais ces gardes, ces brahmanes qui nous poursuivent !…

NAKAHIRA.

Ils ont perdu notre trace, et, quand la nuit sera venue, nous pourrons… (Se retournant.) Ah ! quelqu’un.

LE PARSI, qui est entré par la droite.

J’ai entendu parler ! Deux femmes !… (Il s’avance vers Nakahira.) Que faites-vous ici ?

NAKAHIRA, au Parsi.

As-tu quelque pitié dans le cœur ? As-tu une âme que le malheur puisse émouvoir ?

LE PARSI.

Que veux-tu ?

NAKAHIRA.

Que tu sauves cette enfant !

LE PARSI, s’approchant d’Aouda.

Ah ! Brahma me vienne en aide ! mais c’est…

AOUDA.

Quoi ! tu me reconnais ?

LE PARSI.

Oui ! vous êtes la veuve du rajah, dont le corps repose déjà sur le bûcher de la nécropole royale !

NAKAHIRA.

Oui ! la veuve de ce vieillard, que des fanatiques veulent brûler avec lui !

AOUDA, au Parsi.

Ah ! ne trahis pas les devoirs de l’hospitalité, et reçois celles qui viennent se confier à toi !

LE PARSI.

Je ne suis qu’un pauvre homme qui ne peut vous protéger.

NAKAHIRA.

Nous ne te demandons que de nous donner asile pour la nuit, et demain nous essayerons de gagner les possessions anglaises, où nous serons hors des atteintes de nos ennemis.

AOUDA, à l’Indien.

Non, tu ne trahiras pas la malheureuse qui te demande asile ; tu ne voudras pas la livrer à ceux qui veulent dresser sa dernière couche au milieu des flammes d’un bûcher !…