Page:Lesguillon - Le Ballon géant, 1865.djvu/20

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De notre essor fougueux maintiendra l’équilibre ;
Nos crampons sont de fer pour harponner le but !

Quel bonheur de sortir de ces vieilles ornières
Que les esprits bornés entouraient de barrières,
 En clouant l’avenir au sol !
Quelle sensation éclatante et vivace
D’interroger le ciel et d’y graver sa trace
 Plus haut que l’aigle dans son vol !

Quel bonheur d’élargir ces voluptés restreintes,
Ces sentiments étroits environnés de craintes,
 Et, doublant son désir errant,
De fuir le foyer pâle où s’endort la famille,
Et les devoirs pesants rivés sous une grille
 Pour être libre et conquérant !

Montons ! laissons flotter notre esquif loin des chaînes !
Sentons dans nos cheveux l’air des célestes plaines !
 Plus de borne ! plus de prison !
Des globes inconnus montons percer le voile !
Montons ! montons encore ! allons toucher l’étoile !
 Qu’à nos pieds dorme l’horizon !

Quel orgueil de passer côte à côte des astres !
De braver sans relais les octrois, les cadastres !
Et, dans un noble élan qui n’a pas de rival,
De voir en bas courir le lourd wagon qui gronde,
Et, plus prompt que la nue à l’aile vagabonde,
De passer sur un char dont l’air est le cheval !

 Courage, amis, buvons des flammes !
 Voguons jusqu’au séjour des âmes !