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Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/161

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à force d’aimer

C’est moi… Écoute… Nous t’aimerons tous… »

Il la repoussa presque avec colère.

— « Maman !… maman !… Je veux la voir !…

— Il ne sait donc pas ?… » murmura la doctoresse, interrogeant Horace du regard.

Celui-ci serrait les dents et les lèvres, comme à bout d’énergie contre sa propre émotion.

— « Si… si… » fit-il d’une voix sifflante. « Pardon… Laissez-nous entrer… Je lui ai promis qu’il la verrait. »

Le jeune homme et l’enfant pénétrèrent dans la chambre, seuls.

Hélène, apaisée, presque sereine, était là, sur le lit. Ses beaux cheveux, ramenés sur ses tempes, voilaient la double blessure. Son fils ne verrait pas les affreux petits trous sanglants. Il ignorerait — pour le moment du moins — qu’elle l’avait quitté volontairement, qu’elle était morte de cette terrible mort.

René la regardait, ses larmes suspendues par l’admiration, l’étonnement de la voir si belle et si calme. Il ne pouvait plus croire qu’il l’avait perdue. Il voulut l’embrasser.

Oh ! le cri qu’il jeta de sentir sous sa lèvre le froid de cette joue, le froid indescriptible, auquel on ne l’avait pas préparé !…

Que dut éprouver Horace lorsqu’il l’entendit ? Il mit un bras autour des épaules de René.

— « Mon enfant, » lui dit-il, « retiens un ins-