Page:Lettre d'Abgar, 1868.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment il racheta les morts par sa mort, descendit des cieux tout seul, mais y remonta avec beaucoup d’autres pour s’asseoir à la droite de son auguste Père qui était avec lui dès le principe, dans une seule divinité ». Le roi Abgar commanda qu’on donnât à l’apôtre Addé de l’argent, de l’or et beaucoup d’autres présents. « Comment pouvons-nous, reprit Addé, prendre ce qui ne nous appartient pas ? puisque, selon le commandement du Seigneur, nous avons abandonné tout ce que nous possédions ; car sans bourse et sans besace nous avons endossé la croix ; il nous a ordonné de prêcher son évangile par tout l’univers : et lorsqu’il endurait les supplices de la croix, au lieu de nous et pour la rédemption du genre humain, toutes les créatures le reconnurent et partagèrent avec lui ses souffrances ». Et, en présence du roi Abgar et de tous les princes et les satrapes, et devant Augustine la mère d’Abgar, et devant Schlamathie, qui était la fille de Mithridate, femme d’Abgar[1], il raconta tous les miracles et les prodiges du Seigneur, et sa puissance divine et son ascension au ciel vers son Père : en outre, comment il faisait voir sa vertu avec beaucoup d’autorité pendant qu’il montait au ciel, et que c’était au moyen de la même vertu qu’il avait guéri Abgar, et Abdias, fils d’Abdiou qui était le vice-roi ; et il leur montra la manière dont il doit se révéler à la fin des temps et à la consommation de l’univers, lors de la résurrection, qui est préparée pour tous les hommes, et dont il séparera les brebis des boucs, les fidèles des infidèles. Et Addé ajouta : « Puisque la porte de la vie est étroite, et le chemin de la vérité resserré, les fidè-

  1. Moïse de Khorène nomme la première des femmes d’Abgar Hélène (II, 35), peut-être en la confondant avec la femme du roi d’Adiabène, citée par Joseph. Cureton lit ce nom Chalmath, mais il avoue qu’on pourrait lire autrement, faute des lettres voyelles dans le syrien. Mithridate son père pourrait être de la race royale des Parthes, aussi bien qu’un des gentilshommes d’Abgar mentionné un peu plus bas, (v. page 25). Quant au nom de la mère d’Abgar, Augustine, il semble plutôt un titre d’honneur, tiré des relations des rois d’Édesse avec les Romains.