Page:Lettre d'Abgar, 1868.djvu/38

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lois et les prophètes, et qui exerçaient dans la ville la profession de marchands de toiles consentirent à la doctrine de l’apôtre et se firent ses disciples en déclarant que Jésus est le fils du Dieu vivant. Mais ni le roi Abgar, ni même l’apôtre Addée, ne forçaient personne ni ne la contraignaient à embrasser le christianisme ; car, sans recourir à aucune violence, les miracles et les prodiges étaient assez évidents pour que l’on y crût. Ainsi toute la province de Mésopotamie et les pays d’alentour recevaient de bon cœur la doctrine de l’apôtre.

En ce temps-là, Adée[1], fournisseur du roi pour les étoffes et les bandeaux[2], et Philote[3], Barshlama, Barsémi, et plusieurs autres de leurs compagnons, s’attachèrent à l’apôtre Addée, qui les reçut comme coopérateurs pour exercer ensemble le saint office et la prédication du dogme ; et pendant qu’ils lisaient en présence de tout le peuple l’ancien et le nouveau testament, les livres prophétiques et les actes des Apôtres[4], Addée les engageait à éviter toute chose qui pourrait porter préjudice à leur dignité, afin que leurs corps soient saints et leurs âmes chastes, comme il convient à des hommes qui servent les autels de Dieu : « Fuyez, leur disait-il, le parjure, le meurtre, le faux témoignage, les adultères et les sorciers, qui ne trouveront point miséricorde, les superstitieux observateurs des phénomènes de la nature, les magiciens, les

  1. Aggée selon le syrien, (v. la note pag. 15).
  2. Cureton traduit, who made chains and headbands of the king, cependant il admet aussi notre traduction, qui est d’ailleurs conforme à l’histoire de Moïse de Khorène.
  3. Ce sont ceux mêmes, mentionnés aussi sur la fin de cet ouvrage, qui furent les successeurs d’Addée ; Philote que le syrien nomme Baloude fut le premier, et eut pour son successeur Barshlama nommé aussi Abshlama ; quand à Barsemi, il vivait au temps de l’empereur Trajan ; il est mentionné dans notre Ménologe ; Cureton en a publié la vie traduite du syriaque, dans le même livre que cette Lettre d’Abgar.
  4. Les Actes des Apôtres de S. Luc ne furent rédigés, que vers l’an 51, les Évangiles un peu avant ou après ; aucun d’eux n’était publié pendant l’apostolat de S. Thaddée selon notre chronologie : il faut donc supposer qu’ils sont introduits ici par l’auteur de cet ouvrage ou par un autre postérieur.