Page:Lettre d'Abgar, 1868.djvu/43

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tres avaient contractée avec nous et que vous avez renouvelée ».

Et Abgar en accueillant Aristide[1], l’ambassadeur que lui avait mandé l’empereur Tibère, le renvoya au monarque[2] après l’avoir comblé de présents et d’honneurs qui convenaient à la majesté de son maître. Étant parti de la ville d’Édesse, Aristide arriva à Nuthicontha[3] où résidait Claude le vice-roi ; et de là il se dirigea vers Arabice[4], car là séjournait l’empereur, et Caïus[5] gardait les pays qui étaient contigus à cette ville. Or Aristide raconta à Tibère les prodiges que faisait l’apôtre Addée en présence du roi Abgar. Et quand la paix eut suivi la guerre[6], Tibère envoya des magistrats et fit mettre à mort les chefs des Hébreux qui étaient en grand nombre dans la Palestine ; et Abgar, en apprenant la nouvelle que les Juifs avaient reçu le châtiment qui leur était dû, se réjouit vivement.

  1. Ici notre texte écrit Artidias Արտիդիաս, que nous avons corrigé selon la lecture suivante : tel est aussi ce nom dans le syrien. D’ailleurs cet homme Artidias ou Aristide n’est pas connu dans l’histoire. Confonde-t-il notre archiviste ou rédacteur de cette histoire Aristide avec Ariston de Pella qui vivait à une époque postérieure sous Adrien, et qui outre sa relation de la rébellion des Juifs, avait écrit d’autres faits de l’empereur Adrien et de notre roi Artachès II, dont il était devenu le secrétaire ? (Moïse de Khor. II, ch. 60).
  2. C’est ici qu’il faut placer la seconde lettre d’Abgar à Tibère, conservée chez Moïse de Khorène.
  3. Cureton lit mais avec doute, Thicuntha au lieu de Nuthicontha, noms tous deux inconnus dans la géographie. Il faut d’ailleurs se rappeler que Claude avant de monter sur le trône habitait en cachette, dans des lieux retirés et isolés : peut-être c’est le nom d’une de ses retraites.
  4. Cureton écrit Artica, et il croit qu’on pourrait aussi lire Ortyka au lieu d’Ortygia près de Siracuse. Tibère habitait ordinairement à Caprée, mais il avait plusieurs villas à l’entour ; peut-être c’en était une. Si d’ailleurs il était allé en Espagne, selon sa promesse à Abgar, cela pourrait être Aratuca, ville de la province Tarraconensis : mais les historiens sont unanimes à dire que Tibère ne sortit de son île que deux fois seulement pour aller à Rome, et même il rebroussa chemin.
  5. C’est l’empereur Caligula, petit-fils et successeur de Tibère.
  6. Toujours c’est la guerre d’Espagne.