Page:Lettre de Charles Baudelaire à l'impératrice Eugénie, 6 nov 1857.djvu/1

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6 Novembre 1857

Madame,

Il faut toute la prodigieuse présomption d’un poëte pour oser occuper l’attention de Votre Majesté d’un cas aussi petit que le mien. J’ai eu le malheur d’être condamné pour un recueil de poésies intitulé : Les Fleurs du Mal, l’horrible franchise de mon titre ne m’ayant pas suffisamment protégé. J’avais cru faire une belle et grande œuvre, surtout une œuvre claire ; elle a été jugée assez obscure pour que je sois condamné à refaire le livre et à retrancher quelques morceaux (six sur cent). Je dois dire que j’ai été traité par la Justice avec une courtoisie admirable, et que les termes mêmes du jugement