Page:Lettre de Rimbaud à Jules Andrieu - 16 avril 1874.djvu/1

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

London, 16 April 74

Monsieur,

— Avec toutes excuses sur la forme de ce qui suit, —

Je voudrais entreprendre un ouvrage en livraisons, avec titre : L’Histoire splendide. Je réserve : le format ; la traduction, (anglaise d’abord) le style devant être négatif et l’étrangeté des détails et la (magnifique) perversion de l’ensemble ne devant affecter d’autre phraséologie que celle possible pour la traduction immédiate : — Comme suite de ce boniment sommaire : Je prise que l’éditeur ne peut se trouver que sur la présentation de deux ou trois morceaux hautement choisis. Faut-il des préparations dans le monde bibliographique, ou dans le monde, pour cette entreprise, je ne sais pas ? — Enfin : C’est peut-être une spéculation sur l’ignorance où l’on est maintenant de l’histoire, (le seul bazar moral qu’on n’exploite pas maintenant) — et ici principalement (m’a-t-on dit (?)) ils ne savent rien en histoire — et cette forme à cette spéculation me semble assez dans leurs goûts littéraires — Pour terminer : je sais comment on se pose en double-voyant pour la foule, qui ne s’occupa jamais à voir, qui n’a peut-être pas besoin de voir.

En peu de mots (!) une série indéfinie de morceaux de bravoure historique, commençant à n’importe quels annales ou fables ou souvenirs très anciens. Le vrai principe de ce noble travail