Page:Lettredefnelon00fn.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

droit aller au-devant de la vérité puisque vous êtes roi, presser les gens de vous la dire sans adoucissement, et encourager ceux qui sont trop timides. Tout au contraire, vous ne cherchez qu’à ne point approfondir ; mais Dieu saura bien enfin lever le voile qui vous couvre les yeux, et vous montrer ce que vous évitez de voir. Il y a long-temps qu’il tient son bras levé sur vous : mais il est lent à vous frapper, parce qu’il a pitié d’un prince qui a été toute sa vie obsédé de flatteurs, et parce que, d’ailleurs, vos ennemis sont aussi les siens. Mais il saura bien séparer sa cause juste d’avec la vôtre qui ne l’est pas, et vous humilier pour vous convertir ; car vous ne serez chrétien que dans l’humiliation. Vous n’aimez point Dieu, vous ne le craignez même que d’une crainte d’esclave ; c’est l’enfer et non pas Dieu que vous craignez. Votre religion ne consiste qu’en superstitions, en petites pratiques superficielles. Vous êtes comme les juifs dont Dieu dit : Pendant qu’ils m’honorent des lèvres, leur cœur